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Archives pour décembre 2008
29-12-2008
Hector de Saint-Denis Garneau : Ma solitude n’a pas été bonne
Ma solitude au bord de la nuit
N’a pas été bonne
Ma solitude n’a pas été tendre
À la fin de la journée au bord de la nuit
Comme une âme qu’on a suivie
sans plus attendre
L’ayant reconnue pour sœur
Ma solitude n’a pas été bonne
Comme celle qu’on a suivie
Sans plus attendre choisie
Pour une épouse inébranlable
Pour la maison de notre vie
Et le cercueil de notre mort
Gardien de nos os silencieux
Dont notre âme se détacha.
Ma solitude au bord de la nuit
N’a pas été cette amie
L’accompagnement de cette gardienne
La profondeur claire de ce puits
Le lieu de retrait de notre amour
Où notre cœur se noue et se dénoue
Au centre de notre attente
Elle est venue comme une folie par surprise
Comme une eau qui monte
Et s’infiltre au-dedans
Par les fissures de notre carcasse
Par tous les trous de notre architecture
Mal recouverte de chair
Et que laissent ouverte
Les vers de notre putréfaction.
Elle est venue une infidélité
Une fille de mauvaise vie
Qu’on a suivie
Pour s’en aller
Elle est venue pour nous ravir
Dans le cercle de notre lâcheté
Et nous laisser désemparés
Elle est venue pour nous séparer.
Alors l’âme en peine là-bas
C’est nous qu’on ne rejoint pas
C’est moi que j’ai déserté
C’est mon âme qui fait cette promenade cruelle
Toute nue au froid désert
Durant que je me livre à cet arrêt tout seul
À l’immobilité de ce refus
Penché mais sans prendre part au terrible jeu
À l’exigence de toutes ces peines
Secondes irremplaçables.
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19-12-2008
Mme Woillez : Emma ou le Robinson des demoiselles – 1835
M. de Surville a perdu sa belle plantation à Saint-Domingue à cause de la révolte des nègres. Rapatrié, il ne trouve qu’une place de régisseur près de Blois. Sa femme meurt en couches et pendant un an il refuse de voir sa petite fille, qui est confiée aux soins d’une nourrice et du bon nègre Dominique. Finalement, Dominique raccommode le père avec sa progéniture en plaçant le berceau du bébé sur la tombe de l’épouse à l’heure où M. de Surville vient y faire ses dévotions.
M. de Surville donne une éducation très complète à la jeune Emma, dont le meilleur ami est un chien, Azor. Quand Emma atteint une douzaine d’années, un parent installé à Buenos-Aires propose à M. de Surville de l’y rejoindre. Une telle offre est providentielle pour l’ancien colon, qui s’embarque donc avec Emma, Dominique et Azor. Sur le bateau, les voyageurs font la connaissance d’une Mme Duval, qui voyage avec sa petite fille âgée de cinq ans.
Tempête et naufrage. Emma se retrouve sur une île déserte avec le chien Azor. Elle récupère quelques objets qui ont flotté jusqu’au rivage et s’installe dans une caverne où elle monte son ménage tant bien que mal. Elle se confectionne l’inévitable robe en peau. La petite fille vit essentiellement de la cueillette. Azor chasse des tortues, des cabiais et des vigognes, et les fournit tous deux en viande. La petite fille, qui a du papier et qui arrivera à se fabriquer de l’encre, tient une sorte de journal, qui est en fait une longue lettre au père absent, où elle fait son examen de conscience. Elle passe aussi un temps considérable en oraisons.
Un beau jour, Emma trouve une femme mourant de faim, à côté de sa petite fille. Il s’agit de la Mme Duval, rencontrée sur le bateau, qui a eu moins de chance qu’Emma, et n’a survécu qu’à grand peine. Mme Duval meurt, et Emma élève la petite Henriette, qui lui sert donc de Vendredi, et qu’elle commence à endoctriner dans une religiosité transie et larmoyante.
« Ne dis pas, je veux, chère Henriette ; car ce que tu demandes est impossible : nous ne pouvons rien sur la terre sans la volonté de Dieu, qui est notre père, notre bon père à tous. Si tu le pries, et te soumets toujours à lui, il exaucera tes prières ; il te rendra heureuse et ta mère aussi. »
Emma enterre le cadavre en putréfaction de Mme Duval. Les deux filles sont malades en même temps, Henriette de la rougeole, Emma d’une forte fièvre, mais elles guérissent et, en guise d’action de grâce, Emma élève un autel de gazon sous le baobab et arrive même à confectionner une statue de la Vierge.
Quelques temps après, arrivent sur l’île M. de Surville, le nègre Dominique, avec des amis, un capitaine de marine espagnol, un célèbre médecin et deux sauvages. Le naufrage a jeté M. de Surville sur les rivages de la Patagonie et il a vécu parmi les Patagons, jusqu’au moment de rencontrer ses amis.
Tout le monde se rend à Buenos-Aires, comme prévu initialement. Mais le parent de M. de Surville est mort et on rentre en France une fois en possession de l’héritage. Emma retrouve la propriété près de Blois, dont son père s’est porté acquéreur.
Le Robinson des demoiselles est une robinsonade minimaliste. La petite Emma ne fait pas grande chose sur son île, qu’elle n’explore pas complètement. (Il n’y a du reste pas d’animaux dangereux, à part un vague serpent ; le seul accident qui advienne à Azor provient du fait qu’un troupeau de vigognes l’a piétiné parce qu’il attaquait les petits.) Les péripéties dramatiques sont tout aussi réduites : une tempête, un ruisseau grossi par les pluies, une chute sont les périls les plus graves que rencontre la jeune fille. Emma ne cultive pas, n’apprivoise guère que quelques oiseaux et une antilope. En ce qui concerne l’industrie, son maximum est une poterie primitive, que l’auteur appelle ses « vaisseaux de terre », et le reste arrive en ready-made. (Par exemple la fillette peut éclairer sa caverne en allumant en guise de chandelles des filaments d’amiante qui tapissent les parois.)
D’un autre côté, le roman de Mme Woillez est si farci d’admonestations religieuses et la petite Emma vit dans de telles mortifications qu’on a l’impression qu’elle est plutôt une très jeune pénitente installée au désert qu’une petite robinsonne.
Du modèle de Defoe, Mme Woillez a retenu surtout l’enjeu religieux : la solitude comme épreuve envoyée par le ciel. Elle y ajoute une démonstration concernant l’éducation des jeunes filles (si Emma se débrouille si bien sur l’île, c’est à cause de l’excellente instruction, tant religieuse que scolaire, qu’elle a reçue). Il reste une description fade et gracieuse d’une robinsonne qui paraît ne pas avoir quitté son château campagnard, s’adonne au dessin et au chant, cueille des fleurs, s’occupe de sa volière et se livre à ses dévotions toutes imbibées de la spiritualité mièvre d’une Mme Cottin.
Harry Morgan
Source :
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17-12-2008
Robinson Crusoé
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15-12-2008
Byron Haskins : Robinson Crusoe sur Mars – 1964
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12-12-2008
Paul Auster : La Solitude du labyrinthe
Je crois ; malgré tout, que chaque personne est seule, tout le temps. On vit seul. Les autres nous entourent mais on vit seul. Chacun est comme enfermé dans sa tête et pourtant nous ne sommes ce que nous sommes que grâce aux autres. Les autres nous « habitent ». Par « autre », il faut entendre la culture, la famille, les amis, etc. Parfois, on peut percer le mystère de l’autre, le pénétrer, mais c’est tellement rare. C’est l’amour, surtout, qui permet une telle rencontre. Il y a environ un an, j’ai retrouvé un vieux cahier du temps où j’étais étudiant. J’y prenais des notes, j’y enfermais des idées. Une citation m’a particulièrement troublée: « Le monde est dans ma tête. Mon corps est dans le monde. » J’avais dix-neuf ans et cela continue d’être ma philosophie.
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11-12-2008
Solitude
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10-12-2008
Robinson Crusoé (3)
Après avoir sauvé un indigène d’une mort atroce, Robinson décide de prendre en main la destinée du sauvage.
Il commence par le baptiser Vendredi, pour qu’il soit reconnu des hommes et de Dieu, lui apprend les bons usages, lui enseigne l’anglais et la religion.
Au fil du temps, Robinson découvre en Vendredi un être candide et attachant, en voie de devenir un bon chrétien.
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08-12-2008
Byron Haskin’s : Robinson Crusoé sur Mars – 1964
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03-12-2008
Charlotte Bronté – 1835
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01-12-2008
Byron Haskins : Robinson Crusoe sur Mars – 1964
1964
Pour la 1ere fois, un missile américain est envoyé sur Mars, avec deux hommes et une petite guenon. Mais suite a une collision avec un immense météore, ils arrivent sur Mars avec très peu de réserve d’eau et d’oxygène..
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01-12-2008
Hector de Saint Louis Garneau : Maison fermée
Je songe à la désolation de l’hiver
Aux longues journées de solitude
Dans la maison morte —
Car la maison meurt où rien n’est ouvert —
Dans la maison close, cernée de forêts
Forêts noires pleines
De vent dur
Dans la maison pressée de froid
Dans la désolation de l’hiver qui dure
Seul à conserver un petit feu dans le grand âtre
L’alimentant de branches sèches
Petit à petit
Que cela dure
Pour empêcher la mort totale du feu
Seul avec l’ennui qui ne peut plus sortir
Qu’on enferme avec soi
Et qui se propage dans la chambre
Comme la fumée d’un mauvais âtre
Qui tire mal vers en haut
Quand le vent s’abat sur le toit
Et rabroue la fumée dans la chambre
Jusqu’à ce qu’on étouffe dans la maison fermée
Seul avec l’ennui
Que secoue à peine la vaine épouvante
Qui nous prend tout à coup
Quand le froid casse les clous dans les planches
Et que le vent fait craquer la charpente
Les longues nuits à s’empêcher de geler
Puis au matin vient la lumière
Plus glaciale que la nuit.
Ainsi les longs mois à attendre
La fin de l’âpre hiver.
Je songe à la désolation de l’hiver
Seul
Dans une maison fermée.
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