20-11-2008
Victor Hugo
La solitude sainte aux faibles est fatale.
Voyez, il part, il fuit, il se cache, il s’installe
Dans un bois, dans un trou, loin de tout grand chemin.
Le voilà seul. Bonsoir ! Voir un visage humain?
Pourquoi ? qui? Non! plutôt, que le soleil périsse !
Vivent les ours ! L’ennui le tient et le hérisse.
Il ne se peigne plus, il ne se rase plus:
Son âme est cul-dejatte et son cœur est perclus.
Fermez la porte. Il vit, fauve, dans sa tanière.
N’ayant pas autre chose, il prend sa cuisinière.
Il devient triste, froid, lascif, méchant, petit
Son esprit par degrés dans la chair` s’engloutit.
En lui la brute monte et gagne sa cervelle ;
Le néant sous son front lentement se nivelle ;
Il boit,- il mange, il marche ; autrefois ça, pensait.
Vit-il? on ne sait plus au juste ce que c’est,
Et le vieux loup Satan rit dans ses nuits funèbres
De voir cette lueur sombrer dans les ténèbres.
La dernière Gerbe
Publié par Jean dans Vacuité | RSS 2.0
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