12-11-2008

Fenimore Cooper : Le Cratère ou Marc dans son île

Le Cratère, de James Fenimore Cooper, est un classique de la robinsonnade. Transportant sur une île lointaine le mythe américain de la frontier, il met le jeune marin Marc Woolston et son matelot Bob aux prises avec une nature sauvage, hostile, qu’il faudra domestiquer. L’action se déroule dans le Pacifique, mais Cooper, pour l’île, s’est directement inspiré de Julia [ou Graham’s island, île intermittente d’origine volcanique émergée pour la première fois en 1831 au sud de la Sicile].[...]

L’îlot qui recueille les deux héros du roman a plus qu’un air de famille avec Graham’s island : « Le roc sur lequel ils marchaient était nu, et d’une formation particulière. En l’examinant de près, ils reconnurent que ce n’était pas un banc de corail, mais que son origine était purement volcanique. L’aridité, la nudité en étaient les deux traits distinctifs (…). La solitude et la désolation de ces tristes bords n’étaient interrompues que par les troupes d’oiseaux qui venaient voler sur leurs têtes, et qui montraient par leurs cris et par leur audace que la vue d’un homme était quelque chose de nouveau pour eux ».

Sur cette terre difficile, Marc et Bob vivent d’abord un grand bonheur (…) pastoral. Certains passages scabreux du roman les montrent mêlant des excréments de diverses provenances pour féconder l’île, dont ils brisent l’écorce de tuf pour remuer son sous-sol cendreux

[...]

L’île Julia, au fond, est bien plus qu’une île : c’est un fantasme, une vision, la terre primordiale que chacun voudrait façonner, comme la divinité créatrice a façonné l’homme.

C’est cette nature originelle que tentent de s’approprier les héros de Fenimore Cooper. Quand Bob est emporté par l’océan, Marc Woolston continue seul son travail de « Robinson américain ». Il en est récompensé par la providence, puisque l’île s’exhausse considérablement, devenant un vaste archipel irrigué par de nombreuses sources d’eau douce.

Bob, alors, revient : rescapé de la tempête, il est retourné aux États-Unis, d’où il ramène un petit peuple de colons que Marc Woolston va gouverner sous un régime idyllique et patriarcal.

[...]

L’arrivée d’un homme de loi, d’un imprimeur et de quatre prêtres rompt bientôt cette belle harmonie. Le démon de la politique s’introduit dans l’Eden. Les jalousies, les dissensions, les haines se donnent libre cours, attisées par l’esprit de parti. Marc Woolston, évincé de son commandement, est contraint de quitter l’île. Quand il revient, le châtiment s’est abattu sur la petite société pervertie : l’île s’est abîmée sous les eaux …

Publié par Jean dans Vacuité | RSS 2.0

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