25-09-2007
Irène Nemirovsky (1903-1942) : Le vin de solitude
Largement autobiographique, ce « vin de solitude » décrit avec acidité les souffrances et les rancœurs d’une fillette blessée par l’indifférence de son père et le mépris de sa mère.
Hélène est russe et a huit ans. Sa mère, issue d’une famille noble, la méprise ainsi que son mari qu’elle considère d’une extraction et d’une valeur inférieur à la sienne. Hélène, soumise à ses caprices et sautes d’humeur, fait douloureusement les frais de cet amour propre contrarié. Et pourtant, le père d’Hélène n’a d’yeux que pour son épouse, délaissant ainsi sa fillette. Hélène n’a que sa nurse française, qui lui voue une affection rigide mais sans faille. Malgré tout, son quotidien est largement fait de solitude et d’amertume.
Sa nourrice est renvoyée par sa mère puis, suite aux événements en Russie, la famille sera contrainte de s’expatrier à Paris. Avec les absences répétées du mari, s’engage alors un nouveau huis clos terrible : la mère, la fille et l’amant.
Cette œuvre est féroce et cruelle à la fois : Irène Némirovsky écorche sans concession le père absent et aveuglé, l’amant superficiel et dépravé et la mère snob, volage et vaine. Le tout à travers le regard grinçant et rancunier la fillette, spectatrice et victime de ce ballet sordide.
Cette haine raisonnée et sereine édifiée pierre par pierre par la fillette humiliée et solitaire puis par la jeune fille glacée et revancharde fera peu à peu son œuvre. Sa mère l’a détruite, l’a privé d’amour et d’insouciance. Alors, ce sera à son tour d’être délaissée et abandonnée.
Une œuvre ciselée et terrifiante, en coup de poing sur sa propre enfance. On ne sait plus si c’est la jeune adolescente Hélène qui parle ou la femme qu’Irène Némirovsky est devenue. Une catharsis sans doute pour l’auteur et une douche froide pour le lecteur. Ce roman n’en est pas moins extrêmement poignant, terrible et salutaire.
Publié par Jean dans Vacuité | RSS 2.0
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