21-08-2007

P’tit-Caillou : Le prix de la solitude

070821timothyjclark.jpgPas toujours facile de faire comprendre aux proches, amis, connaissances, que le seul remède au mal que l’on a c’est la solitude. Pourtant c’est une  » thérapie  » reconnue, et même fortement conseillée.

Mais comment faire comprendre, ou du moins accepter, aux  » autres  » qu’on a besoin de cette solitude pour se concentrer sur soi-même, pour trouver l’énergie d’un renouveau ? On essaye d’arrêter d’être accaparée par l’attention des autres, leurs efforts à nous sortir de cette solitude pour nous  » forcer  » à avoir une vie familiale ou sociale. Mais le choix de la solitude n’est pas compris comme une nécessité, comme un besoin vital de temps pour soi-même, pour réfléchir au calme.

Goûter au calme et au silence pour réfléchir, pour arriver à quitter certains chemins que l’on connaît, pour en prendre d’autres, sans vraiment savoir ce qui nous attend.

Tout, chez tout le monde, part d’un bon sentiment, d’un élan de solidarité. Aider l’autre. Mais à un certain moment, si aider l’autre c’est de le laisser à sa solitude, on se heurte à l’incompréhension. Qui parfois peut aller au rejet. On veut aider, mais de la façon dont on a décidé d’aider, pas de la façon dont l’autre a besoin d’être aidé.

Tout cela pour en venir à la constatation que je suis en train de perdre certaines personnes, rien que parce que mon besoin de solitude n’est pas accepté. On veut prendre soin de moi, alors que le parcours actuel est d’apprendre à prendre soin de moi par moi-même. J’ai beau dire et répéter que je prends soin de moi, que je suis en thérapie, que la seule personne avec qui je suis capable d’échanger quoi que ce soit pour le moment c’est ma psy, rien n’y fait.

J’ai traversé deux mois de grand désespoir où la seule chose qui me faisait du bien était de pleurer sur mon triste sort. J’ai passé des jours et des jours à pleurer que parfois je me suis demandé comment il était possible qu’un corps  » fabrique  » tant de larmes…… Et puis un jour, de façon assez soudaine, les larmes se sont arrêtées. Je m’en souviens très bien, j’ai pleuré tout un samedi, et le dimanche matin, c’est comme si j’avais réalisé que c’était fini. Les larmes avaient été évacuées. C’était la fin du désespoir.

Puis commence la période de chagrin. De tristesse. Il n’y a plus de larmes, juste un état de tristesse, une sorte d’acceptation du chagrin. C’est à nouveau une période propice à la solitude, au retrait, pour un face-à-face avec soi-même. Ce besoin d’intimité, d’espace, de temps pour soi et soi seul.

Je suis en plein dans cette période. Je ne peux sortir de la solitude qu’à certains moments, qui ne peuvent pas être décidé par les autres. Je suis incapable de forcer quoi que ce soit, c’est trop difficile. Je  » craque  » encore trop souvent. Je suis encore trop à apprendre à me prendre en charge.

Je suis mon propre rythme de vie. J’essaye de m’exprimer du mieux que je peux. Mais souvent les gens ne me  » reconnaissent  » pas, ne retrouvent pas la personne que j’étais avant. Celles dont ils étaient l’amie, la sœur, le frère, le mari.

Mais moi, je suis toujours moi. Je suis simplement arrivée à cette croisée des chemins où le passé ne me convient plus, et où je suis dans une sorte de période de transition. J’ai tout arrêté pour me  » retirer « , me recentrer sur moi.

Je découvre des choses formidables sur moi, certains coins de voile qui se lèvent, des prises de conscience bénéfiques.

Tout cela a un prix : la perte de certaines personnes, qui pour une raison ou une autre, n’acceptent pas.

J’ai écrit tout cela pour elles. Je suppose que leur abandon, leur rejet, est quelque part dû au mal que je leur fais par ce besoin de solitude et de repli sur moi.

Mais ce mal m’est nécessaire, et je leur en demande pardon.

Et puis, il y a les autres. Ceux qui comprennent. Qui sont là, quoi que je fasse, quoi que je décide. Ils restent dans l’ombre et attendent. Ils savent. Prennent de temps en temps de mes nouvelles.

Je sais qu’ils sont là. Parfois, plutôt que d’attendre qu’ils prennent de mes nouvelles, je leur en donne, spontanément. Ils savent, que de temps en temps, je sors de cette solitude, et que j’irai vers eux. Tout cela m’est nécessaire et bénéfique, je le sais.

Dimanche passé, la main de ma mère qui serre la mienne, était l’ultime confirmation que, si le choix de cette solitude à un prix, il vaut très largement la peine d’être payé.

http://lesjoursapres.skynetblogs.be/post/3953871/le-prix-de-la-solitude

 

Publié par Jean dans Vacuité | RSS 2.0

2 Réponses à “P’tit-Caillou : Le prix de la solitude”

  1. Juan dit :

    Bonsoir P’tit-Caillou !

    Ton deuxième texte qui parle de la solitude est effectivment assez éloigné de celui-ci.

    Dernière publication sur Iwazaru 言わざる : Prénom : Unibalde

  2. Le P'tit Caillou - 02 dit :

    Bizarre… quand je relis ce texte, là, maintenant, j’en suis à me demander « Est-ce vraiment moi qui ai écrit cela? ». Sans doute que depuis, j’ai déjà accompli un certain chemin dans cette solitude. Ce n’est pas la solitude qui me fait peur, c’est le « choix » de la solitude. La solitude plutôt que le monde, celui qui nous entoure, nous encercle, nous emprisonne, nous étouffe…. ?
    Je suis donc une solitaire……
    PS : Mon vrai « nom » c’est P’tit Caillou (pas P’Caillou)…
    A bientôt

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