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Archives pour août 2007
31-08-2007
Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) : Le Nid solitaire
Va, mon âme, au-dessus de la foule qui passe,
Ainsi qu’un libre oiseau te baigner dans l’espace.
Va voir ! et ne reviens qu’après avoir touché
Le rêve… mon beau rêve à la terre caché.
Moi, je veux du silence, il y va de ma vie ;
Et je m’enferme où rien, plus rien ne m’a suivie ;
Et de son nid étroit d’où nul sanglot ne sort,
J’entends courir le siècle à côté de mon sort.
Le siècle qui s’enfuit grondant devant nos portes,
Entraînant dans son cours, comme des algues mortes,
Les noms ensanglantés, les vœux, les vains serments,
Les bouquets purs, noués de noms doux et charmants.
Va, mon âme, au-dessus de la foule qui passe,
Ainsi qu’un libre oiseau te baigner dans l’espace.
Va voir ! et ne reviens qu’après avoir touché
Le rêve… mon beau rêve à la terre caché !
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31-08-2007
23) Henri Tachan : Je suis une presqu’île
Je n’veux plus, dans ma tour d’ivoire,
Fair’e des grimaces à mon miroir.
Je n’veux plus, au fond de mon île,
Me r’garder pousser le nombril.
La solitude, c’est comm’e la mort :
Quand je suis plusieurs, je l’appelle
Mais quand j’suis seul, je rêv’e de ports,
De métros, de tours de Babel…
Des grandes tours cacophoniques
Avec de la foule, de la sueur,
Des étrangers, des claques, des cliques,
Et, autour de moi, la rumeur,
Et, autour de moi, la rumeur…
Je suis une presqu’île :
J’ai un bras vers la mer
Mais le cœur dans la ville
Et les pieds vers la terre.
Plus de Jersey, de Sainte Hélène,
Plus de manoir sans Frankenstein,
Plus d’idées noires sans personne,
Plus de nuits blanch’es sans téléphone.
La solitude, c’est comm’e la rage :
Quand j’suis plusieurs, j’me fais la paire,
Mais quand j’suis seul, je rêv’e de plages,
Corps contre corps, chairs contre chairs…
Des grandes plages polluées, même,
Avec de la foule, de la sueur,
Des goss’es qui braillent, des gens qui s’aiment,
Et, autour de moi, la rumeur,
Et, autour de moi, la rumeur…
Ce soir, dans le silence bête,
Je voudrais qu’un’e voiture s’arrête,
Assassin, vagabond, qu’importe,
Mais que quelqu’un cogne à ma porte.
La solitude, c’est comm’e nous deux :
Quand on est là, il n’y a personne.
Quand on est loin, on rêv’e d’être deux
À écouter le temps qui sonne…
Le temps qui pass’ra mieux quand même
Avec nos rires, avec nos pleurs,
Avec ton front sur mon front blême,
Et, autour de nous, la rumeur,
Et, autour de nous, la rumeur…
Je suis une presqu’île,
Les deux bras vers la mer,
Mais le cœur dans la ville
Et les pieds vers la terre.
Plus : Henri Tachan.
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31-08-2007
Maurice Chapelan
Lu : Il ne faut pas que solitude rime avec attitude, mais altitude. Maurice Chapelan.
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31-08-2007
79) Encore un soir sans….. par ficelle
Encore un soir n’ayant pour toute couleur
Que le noir de l’oubli ;
N’ayant pour toute saveur
Que celle, amère, de l’ennui
Désirs inassouvis,
Rêves enfouis
Que cherche dans la nuit
Mon corps alangui
Encore un soir n’ayant pour toute odeur
Que celle, âpre, du désespoir
Qui se prolonge au fil des heures
De déboires en idées noires
Lassitude infinie
Solitude ennemie
Que de combat dans la nuit
Mon âme engourdie
Encore un soir sans tendresse
Insomnie sans caresse
Je cherche en vain le sommeil
Je guette en vain le soleil..
Voir aussi entre autre : http://www.ublog.com/ficelle/2007/06/07
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31-08-2007
Silence… Jacqueline Kelen
Plus on est harcelé de bruits, matraqué d’images extérieures, et plus on se sent à l’intérieur dépeuplé, privé de toute imagination. Au contraire, à qui demeure dans le silence des voix intérieures font signe et des visages sourient. La solitude offre à chacun le recul et le rassemblement des forces indispensables pour œuvrer. Elle permet de se dégager des contingences et frivolités du quotidien et de faire l’inventaire de ses ressources personnelles. Dans la solitude on amasse des munitions. Si de ces provisions on ne crée rien, on ne parcourt qu’une partie du chemin. La solitude est un détachement qui mène à un débordement. Si elle ne fructifie pas, elle n’est qu’isolement.
L’Esprit de solitude
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30-08-2007
78) L’autre… – Huguette Bertrand
miroir des solitudes
retourné à son désir
le désirable en l’autre
le plein désir en ce trop plein de vie
vie pleine vie
à même les déchirures
désir plein désir
à même chaque instant
instants inextinguibles
vertiges
une voix murmure l’amour
n’apaise pas
reprend son souffle
sur le chemin des impromptus
nous rappelle qu’il était une fois
ce fou désir en soi
sagement enrobe l’Être
l’autre
en son désir
au seuil de l’éclatement
« Ascension du désir » http://www.espacepoetique.com/
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29-08-2007
Soledad
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29-08-2007
Soledad
Me sorprende ver la cantidad de personas jóvenes, de buenas personas, que se sienten solas, y no me refiero a la soledad familiar o de amistades, me refiero a la soledad que se siente al ver pasar los años sin que aparezca ese “alguien especial” que nos haga alucinar y abandonarlo todo para empezar una vida juntos.
Creo que el individualismo y el exitismo en los que vivimos actualmente nos hacen, a muchos de nosotros, de alguna u otra forma, postergar el tema de pareja y enfocarnos en tener una carrera exitosa que nos permita cierta estabilidad y comodidad antes de pensar en formar una familia, y de pronto te das cuenta que los años han pasado y que tu corazoncito siente cada vez más el peso de la soledad.
Para mí los malditos cuentos infantiles tienen mucha responsabilidad en todo esto, los que dicho sea de paso… no pueden ser más tétricos y poco apropiados para las sanas mentes infantiles, pero eso es tema para otro post. Creces con historias de « pobres mujeres sacrificadas » que no logran encontrar la felicidad hasta que llega su “príncipe azul” a “salvarlas” y “viven felices para siempre”, convenciéndonos que en alguna parte del mundo cada una tiene SU príncipe que nos pertenece y que tarde o temprano llegará para hacernos felices, y con los años, obviamente vamos descubriendo que eso es una farsa, que el Sr. Perfecto no existe y que hay muchos que pasan por esta vida sin ni si quiera haber conocido el amor.
Por otra parte, la desilusión que sufren los hombres no es menor, ya que no sólo se dan cuenta que la princesa perfecta tampoco existe, sino que además, acostumbrados a ser el “príncipe valiente” o el “Superhéroe” que todo lo puede y que debe salvar al mundo o a su princesa, un día se dan cuenta que no siempre se la pueden solos y que de salvataje no tienen ni idea…
Al final la vida misma es la que se encarga de romperte los modelos creados y las ilusiones de los « happy ending » que no siempre los hay. El resultado? miles de personas solas y desesperanzadas, que buscan sin encontrar y que esperan sin llegar a alcanzar.
Un beso,
Solitaire
L’auteure de ce texte tient pour reponsable de la solitude d’une partie des gens, les contes de fée que l’on raconte aux enfants contenant des princesses et des prince-charmants, qui ce lon lui fairait que l’on attend l’être idéal qui ne vient jamais.
Lugar: Santiago, Chile
Psicóloga de profesión, mamá de corazón
DESDE EL DIVÁN http://cotevg.blogspot.com/
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29-08-2007
Protégé : 29 août : pluvieux
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28-08-2007
Le silence, un moment avec soi, un moment pour soi.. de Michèle Freud
S’étourdissant dans des activités multiples, certains remplissent compulsivement leurs journées et leur agendas afin d’éliminer la moindre minute de battement, le moindre vide.
A force de se noyer dans un activisme incessant, ils courent à en perdre le souffle.
Dans cette agitation ambiante, ils se laissent envahir par toutes sortes de tourments qui, à la longue, finissent par les rendre malades, car à ce rythme, le corps s’épuise, les pensées se bousculent, s’embrouillent et se diluent.
Pour renforcer notre équilibre intérieur, nous ressourcer et écouter les messages que le corps nous envoie, nous aurions pourtant besoin de calme, de détente et de silence.
Or, précisément, nous redoutons le silence, il nous renvoie à toutes nos peurs archaïques : celle de l’absence, de l’insécurité, du vide, du manque d’amour, d’où notre besoin de combler et de se remplir de l’Autre, de possessions, de travail, de nourriture, d’alcool et de substances diverses.
Revenons à l’enfance, à l’origine de nos peurs.
Durant ses premiers mois de vie, le bébé est entièrement soumis au « principe de plaisir » énoncé par S. Freud .
Il vit en pleine fusion avec celle qui le nourrit et lui procure des soins, en l’occurrence sa mère.
N’ayant pas clairement conscience d’une réalité extérieure, ses demandes étant satisfaites par la mère, il se trouve dans l’illusion de la toute-puissance.
Peu à peu, au cours de sa maturation, l’enfant se confronte au « principe de réalité », aux premières frustrations, à l’attente, à l’absence.
La mère « suffisamment bonne » est sensée jouer un rôle de régulateur interne, mais aussi externe.
Tout en continuant à l’accompagner et à lui prodiguer amour et soins, elle lui apprend à se confronter à la séparation, à l’attente et à la frustration qui en découle.
Pour supporter l’absence, l’enfant va devoir imaginer l’Objet affectif, le fantasmer, il utilisera « l’objet transitionnel » : doudou, ours en peluche, tétine etc..
Cette capacité fantasmatique lui offre en même temps la possibilité d’explorer son imaginaire.
Dans son processus d’individuation, pour se construire un moi autonome, l’enfant a besoin d’expérimenter cette force interne.
Elle lui permet aussi de pallier le manque.
A défaut d’un accompagnement satisfaisant, (mère trop comblantes devançant toute demande et empêchant ainsi cette capacité d’exploration de vie intérieure, ou mère absente, peu affectueuse,) il sera dans une éternelle attente, souffrant de carences, cherchant à l’extérieur ce qui pourrait le satisfaire.
Ainsi, pour certains, le silence renvoie à l’angoisse, au vide, au manque et surtout à l’incapacité d’y faire face.
Il nous faut nous rendre à l’évidence : nous ne parviendrons jamais à colmater cette béance toujours en nous et devons admettre que l’Autre ne comblera jamais tous nos besoins.
Faute de s’en convaincre, notre vie risque d’être une quête insatiable et illusoire.
Nous ne pouvons échapper en effet à l’expérience de la solitude inhérente à notre condition.
La capacité d’être seul nous apprend aussi à grandir, elle nous confronte certes à l’absence, mais aussi à la présence.
Elle éveille en nous la possibilité de se nourrir d’une vie intérieure plus intense, d’explorer de nouvelles ressources et de se relier à soi.
Nous pouvons parvenir à transformer notre peur de la solitude en l’apprivoisant, en acceptant de se retrouver seul pour accueillir ses peurs, les comprendre et les dépasser.
On y puise une grande force et on apprend alors à être bien avec soi, on acquiert une nouvelle liberté, celle qui permet de choisir d’être tranquillement avec soi-même.
1 Pour Carl Jung, la quête du « connais-toi toi-même » passe par le retrait en soi.
Cette étape est bénéfique pour soi, mais aussi pour notre environnement car elle agit sur nos relations interpersonnelles et rejaillit sur toute notre existence.
De grands philosophes existentialistes et spiritualistes de Pascal, à Kierkegaard en passant par Rousseau et Vigny insistent sur l’importance de l’expérience de cet isolement.
Jean-Jacques Rousseau* préconise la rêverie qui lui assure d’avoir un moment à soi : «Je ressens un sentiment précieux de plénitude, de contentement et de paix dans ce calme. Chaque jour de ma vie me rappelle avec plaisir celui de la veille et je n’en désire point d’autre pour le lendemain. »
L’expérience du silence est trop souvent négligée dans ce monde qui sans cesse nous agresse.
Dans cet environnement grouillant, elle apparaît de plus en plus comme une nécessité pour se recentrer.
Faire silence est une anti-dote pour mieux résister aux méfaits du stress.
Alors commençons quotidiennement à nous octroyer quelques minutes afin d’offrir à notre corps et à notre mental un moment salvateur.
Pour éviter de se laisser habiter par un déferlement de pensées parasites, habituons-nous par exemple dans la journée à être vigilant à un état intérieur, simplement percevoir la présence attentive de son souffle, avec la sensation agréable de bénéficier d’un peu de temps pour être avec soi, attentif aux mouvements que l’on effectue comme le pas que l’on pose dans le sol, ou savourer un met en mangeant dans la pleine conscience des cinq sens que l’on éveille.
Attentif à soi, mais aussi à la vie, à son environnement : regarder le ciel, les étoiles, le soleil, la couleur et pureté d’une fleur, écouter le tic tac d’une pendule, entendre le son des oiseaux, communiquer avec la nature être présent à la musique, à ses vibrations… autant de techniques à la portée de chacun…
Après une épreuve douloureuse, une étape de vie importante, nous avons besoin de conforter notre relation avec nous-mêmes.
Trop souvent, après une séparation, un divorce, une rupture, on se précipite dans une nouvelle relation pour ne pas avoir à affronter la solitude.
Si nous voulons créer des nouveaux liens, il nous faut quelquefois vaincre nos ennemis intimes, comprendre et intégrer ce que notre relation aux autres a éveillé comme pensées, comme comportements.
Cela suppose un temps de retrait, un espace pour la réflexion, entendre ce que l’on n’a pas pris soin d’écouter, accepter de grandir et de mûrir.
C’est un moment où l’on approfondit la relation à soi et cela nous procure une plus grande liberté intérieure pour nous investir dans de nouveaux choix de vie.
Ce temps d’isolement est aussi un moment sacré, d’une grande intensité où l’on vit avec soi une expérience privilégiée d’une grande fécondité qui nous ouvre à une vraie présence à nousmême.
Lorsque l’on ressent cette présence en soi, on n’a plus peur du silence, de la solitude… on ne se sent plus seul.
Eprouver une liberté intérieure, c’est s’affranchir de toute attente et de toutes nos peurs dit Matthieu Ricard* Dans la vie quotidienne, cette liberté nouvelle nous offre la possibilité d’une plus grande ouverture à l’autre, celle aussi de savourer la simplicité du moment présent, libre du passé, affranchi du futur et de ses peurs, celle de pouvoir alors partager simplement l’intimité d’un rire avec les êtres que l’on apprécie, sans y être émotionnellement accroché.
Ainsi régénérés et libérés, il nous est plus aisé de nous investir dans nos activités en développant davantage notre créativité et nos aspirations pour le plaisir et la solide nourriture de la vie.
La vie est riche de tout ce qui est nécessaire pour nous éclairer, mais nous ne prenons pas le temps d’allumer la lumière nous enseignent les sages.
2 Sachons reconnaître notre besoin de silence, de solitude mais aussi ceux de notre entourage et accordons-nous ces moments où chacun respecte le silence, l’espace et le jardin secret de l’autre afin de mieux se retrouver.
* Les rêveries du promeneur solitaire…Gallimard
* Plaidoyer pour le bonheur Nil Editions
*La solitude Nicole Fabre Albin Michel
Psychanalyse Magazine juin 2004
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28-08-2007
Ce que veulent les femmes, de Elizabeth Berg
Pour tout vous avouer, je suis sensible à toutes les marques d’amour entre les gens. Je sais bien que certains s’épanouissent dans la solitude, mais je me demande comment ils font. ça ne les gêne pas de savoir que la boîte de céréales ne sera vide que le jour où ils l’auront finie ? De rentrer dans la maison qui, au lieu des traces entre mêlées de la vie en commun, porte l’empreinte tranquille d’une existence solitaire ? J’ai les cheveux chatains, je suis droitière, et j’arrive à vriller ma langue. J’ai besoin de quelqu’un à qui donner de l’amour.
Il semble que la plupart des jeunes d’aujourd’hui sont tellement obnubilés par l’avenir qu’ils en oublient le présent. Et je crois qu’ils ont aussi peur du bonheur que la souffrance. Peur de dire qu’ils aiment, peur de prendre des risques, d’avouer qu’ils sont aussi sentimentaux et aussi assoiffés d’affection que tous ceux qui les ont précédés ou qui viendront après eux.
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27-08-2007
Rochom P’ngieng
Article paru le 25 janvier 2007
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26-08-2007
76) Solitude – Philippe Haudebourg
La solitude est la pire maîtresse d’une vie.
Sa faim démesurée, tant elle vous suce la moelle,
Vous laisse pantelant dans la misère sexuelle.
Puis rassasiée, elle vous abandonne à l’envie.
Le soir, elle se tapit dans l’ombre, soit en sur !
Tu sais rarement de quoi elle est capable.
Elle surgit quand tu dînes, s’invite à ta table
Mais elle ne dit pas un mot et tu parles au mur.
La journée, Solitude est pleine de délicatesses.
Elle part certain que tu ne la verras pas revenir,
Dès que tu rentres à la maison, elle montre ses fesses,
De grosses fesses que tu ne parviens jamais à saisir !
C’est un monstre étonnant qui prend toutes les formes,
Soit la taille d’une souris, soit celle d’un éléphant,
Elle a toujours de grands bras et ses doigts énormes
Serrent si fort la gorge que tu pleures comme un enfant !
Croyez-vous que l’Ancien dans sa bienveillance,
Envoie une mauvaise fée chez certain d’entre nous
Pour leur jeter un sort en toute malveillance ? :
« De sa grande sœur, la Mort, tu auras un avant-goût ! »
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26-08-2007
Delphine Le Vigan : No et moi
Lou Bertignac a 13 ans, un QI de 160 et des questions plein la tête. Les yeux grand ouverts, elle observe les gens, collectionne les mots, se livre à des expériences domestiques et dévore les encyclopédies.
Enfant unique d’une famille en déséquilibre, entre une mère brisée et un père champion de la bonne humeur feinte, dans l’obscurité d’un appartement dont les rideaux restent tirés, Lou invente des théories pour apprivoiser le monde. A la gare d’Austerlitz, elle rencontre No, une jeune fille SDF à peine plus âgée qu’elle.
No, son visage fatigué, ses vêtements sales, son silence. No, privée d’amour, rebelle, sauvage.
No dont l’errance et la solitude questionnent le monde.
Des hommes et des femmes dorment dans la rue, font la queue pour un repas chaud, marchent pour ne pas mourir de froid. « Les choses sont ce qu’elles sont ». Voilà ce dont il faudrait se contenter pour expliquer la violence qui nous entoure. Ce qu’il faudrait admettre. Mais Lou voudrait que les choses soient autrement. Que la terre change de sens, que la réalité ressemble aux affiches du métro, que chacun trouve sa place. Alors elle décide de sauver No, de lui donner un toit, une famille, se lance dans une expérience de grande envergure menée contre le destin. Envers et contre tous.
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24-08-2007
22) Nuit
La nuit t’habille dans mes bras
Pâles rumeurs et bruits de soie
Conquérante immobile
Reine du sang des villes
Je la supposais, la voilà
Tout n’est plus qu’ombre, rien ne ment
Le temps demeure et meurt pourtant
Tombent les apparences
Nos longs, si longs silences
Les amants se perdent en s’aimant
Solitaire à un souffle de toi
Si près tu m’échappes déjà
Mon intime étrangère
Se trouver c’est se défaire
A qui dit-on ces choses-là ?
As down lights up another day
Visions I once had fade away
All of those words unspoken
My wildest dreams off broken
It wasn’t supposed to be that way
Should I leave why should I stay
Solitaire à un souffle de toi
Leavin’behind me yesterday
Si près tu m’echappes déjà
Am I free or forsaken
Mon intime étrangère
Cheated or awakened
Se trouver, se défaire
Does it matter anyway ?
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24-08-2007
Anja, par C. Vrayenne
À 8 ans, Anja découvre le monde. Jusque-là, elle n’en connaissait que quatre murs, l’obscurité et quelques vaches. La fillette vivait depuis sa naissance à côté de l’étable de la ferme de sa mère. Sans parler, rire ni jouer. À manger des bouillies.
Un “ enfant-placard ” au XXIe siècle, ça dépasse l’entendement. Pourtant, un nouveau cas vient d’être mis au jour dans la Bavière profonde (Allemagne). Elle se passe près de chez nous. Personne n’a rien remarqué. Jusqu’au 17 juin 2007 : sur le chemin de l’école, deux enfants ont vu un petit visage à la fenêtre d’une étable. Ils ont alerté la police. Deux jours plus tard, Anja, qui a connu son premier vrai anniversaire le 18 juillet dernier, pour ses 8 ans, avait un prénom. Choisi par sa maman, au terme d’aveux dramatiques.
Par peur de la perdre
Bayersried, dans la périphérie d’Ursberg. 640 habitants à tout casser. Autant de vaches laitières. Dont celles dont a hérité Angela W., 46 ans, avec la ferme familiale, à la mort de ses parents. Huit ans plus tôt, cette mère célibataire a eu un enfant. Grossesse cachée, naissance passée inaperçue de tous. Une fillette qu’elle va “ parquer ” dans une petite pièce obscure, à l’insu de tous.
Pour cacher son existence. Personne n’a jamais entendu le prénom de l’enfant : elle n’en avait pas. Elle était seulement “ mon trésor, ma chérie ” pour sa maman.
Car Angela l’aimait. Mal, mais à sa façon: complètement dépassée par son boulot d’agricultrice, elle a toujours vécu dans l’angoisse que les services sociaux ne lui retirent la garde de sa fille. D’où le “ placard ”. Ce n’est pas vraiment de la “ maltraitance ”, c’est de la “ négligence ”. De l’inconscience pure.
Comme soulagée
Démasquée il y a deux mois et arrêtée par la police, Angela W. lâche très vite le morceau. Comme soulagée. “ Très calme ”, selon le maire de la bourgade, elle souffle que “ la petite est plus en sécurité maintenant qu’avant ”. Que “ ça devait finir comme ça un jour ou l’autre ”.
Il y avait bien un père, un homme de 51 ans, qui passait de temps en temps à la ferme. Il aurait voulu les aider. Il n’y est jamais arrivé.
Anja n’avait aucune blessure physique. Elle vivait de bouillies. Parfois, elle se glissait parmi le bétail. Elle ne savait dire que quatre mots: “ mama ”, “ hallo ” (salut), “ Muh ” (meuh) et “ miezi ” (minou). La gamine ne marchait quasi pas, faute d’os suffisamment solides. En fait, les vaches sortaient plus que la fillette. Elle ne connaissait même pas l’existence d’un arbre, d’un brin d’herbe. Aujourd’hui, Anja sort dans le jardin de l’hôpital pour enfants où elle est placée. Avec son petit sac à dos, toujours. Elle ramasse tout: fleurs, feuilles, pommes de pin, qu’elle ramène dans sa chambre. Anja a une moitié d’enfance à rattraper.
Anja apprend à jouer et à faire des phrases
Placée dans une clinique spécialisée, Anja à tout à apprendre, avec l’aide de thérapeutes. Ses premiers jours de liberté, la fillette ne voulait pas quitter sa chambre, n’osant surtout pas approcher des escaliers, ces inconnus. Mais bonne nouvelle, selon une proche, elle “ très curieuse de tout ”.
Jusqu’où pourra-t-elle réparer ses traumatismes? “ À 8 ans, il y a une possibilité de récupérer. Mais il n’y a pas de règle absolue ”, explique Lucienne Strivay, de l’université de Liège. Auteur d’un livre sur les “ enfants sauvages ”, cette anthropologue rappelle le cas de Genie, une enfant américaine séquestrée jusqu’à 13 ans, découverte juste après le succès du film de Truffaut sur ce thème. “ Genie a récupéré une partie de linguistique, mais pas la syntaxe. Mais elle savait se faire comprendre autrement, à sa façon, unique! N’ayant eu pour rare contact qu’un imper en plastique, elle a gardé une fascination pour cette matière. ”
La guérison passe par une approche pluridisciplinaire (logopède, psychologue). Mais attention au forcing de l’institutionnalisation: il ne faut pas passer de rien à… tout! “ Il faut une immense patience, un bon bain social, sans exigence de résultats ”, précise Mme Strivay. “ Il faut laisser l’enfant prendre les choses à son rythme, ne pas trop se retourner. ” Sinon, on risque de le “ casser ”. Et avoir un résultat finalement aussi catastrophique que la situation de séquestration.
Elle ne sait pas bien marcher, ni parler
Faute de lumière, d’air frais, de nourriture équilibrée, Anja, 8 ans, souffre de nombreux retards. La fillette, qui a grandi quasi parmi les vaches, ne savait prononcer que quelques mots, comme un bambin, quand son existence a été découverte à la mi-juin. Aucune phrase cohérente, là où toutes les fillettes de son âge composent déjà des rédactions.
Un retard de langage, mais aussi de croissance. Rachitique, victime de terribles carences alimentaires, Anja a passé huit années en confinement, ses quatre murs ne lui permettant que d’effectuer des mouvements restreints. Conséquences: ses os et ses articulations sont déformés, pas assez solides pour la porter. Ses jambes en “ O ” (l’inverse du “ X ”) rendent sa marche difficile, pour ne pas dire complètement anarchique. Elle ne connaît absolument pas les aliments solides et n’accepte donc que les liquides.
La petite fille ne présentait aucune blessure physique volontaire. Sa maman ne la maltraitait pas “ corporellement ”. Mais l’absence de stimulations sensorielles (comme la lumière du jour) et sociales (contacts humains), l’isolement, mènent à un syndrome appelé “ nanisme psychosocial ” ou encore syndrome de “ Kaspar-Hauser ”. Du nom du plus connu des “ enfants-placard ”, découvert en 1828 à Nuremberg, portant juste un bout de papier disant qu’il avait 16 ans. Le gamin aurait grandi dans un réduit sombre, alimenté par un inconnu, avec juste un cheval à bascule pour compagnon.
Cette pathologie typique des enfants abusés de cette façon, regroupe différents symptômes, comme ceux d’Anja: retard psychomoteur, intellectuel et hormonal, trop faibles poids et taille, troubles du sommeil, insensibilité à la douleur, appétit et soif sans limites et misère affective. Certaines victimes peuvent mourir précocement, parfois juste à cause du changement de nourriture.
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23-08-2007
Anja
A Bayersried une petite bourgade de Bavière, une fillette a été découverte le 17 juin 2007, par deux scouts qui étaient sur le chemin de l’école. Elle vivait dans l’obscurité, se nourrissait de bouillies et ne connaissait que quatre mots: « mama », « hallo » (salut), « muh » (meuh) et « miezi » (minou).
Sa mère, Angela W., avait caché sa grossesse et était parvenue à faire passer la naissance inaperçue. Arrêtée par la police, elle est vite passée aux aveux. Elle a déclaré aux enquêteurs qu’elle aimait sa fille mais qu’elle était complètement dépassée par son travail d’agricultrice et qu’elle a toujours redouté que les services sociaux ne lui retirent la garde de sa fille. Elle est apparue comme soulagée: « la petite est plus en sécurité maintenant qu’avant. Ça devait finir comme ça un jour ou l’autre », aurait confié la mère indigne.
Anja, qui n’a ce prénom que depuis sa « libération » (avant elle n’avait tout simplement pas de prénom!), séjourne aujourd’hui dans un hôpital spécialisé pour enfants.
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23-08-2007
Natascha Kampusch
Natascha Kampusch est née le 17 février 1988 à Vienne.Elle a seulement dix ans quand elle est enlevée à Strasshof, petite ville Autrichienne à 20 km de Vienne le 2 mars 1998. Sur le chemin de l’école, elle est obligée de monter dans une fourgonnette blanche, par Wolfgang P., alors âgé de 36 ans au moment des faits. Son enlèvement suscite un énorme mouvement de solidarité pour sa recherche dans toute l’Autriche. En vain. L’homme la séquestrera, au sous-sol de son pavillon, dans une cachette de trois mètres sur quatre. La pièce est équipée d’un W.C. et d’une salle d’eau. Elle est insonorisée et fermée par une porte blindée. De temps en temps, Wolfgang la fait sortir ; ils se promène dehors, sans que les voisins ne se doutent de quoi que ce soit. Mais le plus dur pour la jeune fille, c’est de savoir qu’elle se situe qu’à seulement quelques kilomètres de sa maison ! Durant huit années, sa vie se limitera à son ravisseur ; toute son adolescence ne sera que séquestration et frustration. Elle admet même, du bout des lèvres, avoir eu des rapports sexuels avec son ravisseur… Mais la jeune adolescente sera incroyablement forte : elle tiendra tête à Wolfgang plus d’une fois et ne se laissera pas abattre.
Le 23 août 2006, profitant d’un moment d’inattention de Wolfgang, la jeune femme, réussira à s’échapper. A l’arrivée de la police chez lui, son ravisseur s’échappe et va se jeter sous un train. Natascha est alors bouleversée et décide de porter son deuil. Le syndrome de Stockholm ? Peut-être pas : elle avait réussi à « nouer » une relation avec son ravisseur. Huit années ne s’oublient pas d’un trait.
Extrait de sa première déclaration :
-
Mon cadre de vie : ma pièce était correctement équipée, c’était ma pièce et elle n’était pas destinée à être montrée publiquement.
-
La vie quotidienne: elle se déroulait de façon tout à fait réglée. En général, un petit déjeuner dans la règle de l’art – il n’a généralement pas travaillé -, les travaux ménagers, lire, regarder la télévision, discuter, cuisiner. C’était comme ça pendant des années, le tout accompagné d’angoisse liée à la solitude.
Quant à la relation (au ravisseur) : il n’était pas mon maître. J’étais aussi forte que lui. Symboliquement, il m’a portée à bout de bras tout en me foulant aux pieds. Mais ce qu’il ne savait pas, c’est qu’il était tombé sur la mauvaise personne.
Il a procédé seul à l’enlèvement. Tout avait été préparé à l’avance. Il a ensuite aménagé avec moi la chambre, qui faisait d’ailleurs plus de 1,60 m. D’ailleurs, je n’ai pas pleuré après ma fuite, il n’y avait pas de raison d’être triste.
(…)
Il faisait partie de ma vie, c’est pourquoi d’une certaine manière je porte son deuil. Il est bien sûr vrai que ma jeunesse a été différente de celle de beaucoup d’autres, mais en principe je n’ai pas le sentiment d’avoir raté grand chose. J’ai évité pas mal (de mésaventures) : je n’ai pas commencé à fumer et à boire, ou à avoir de mauvaises fréquentations.
Message aux médias : la seule chose que la presse doit m’épargner, c’est l’éternelle calomnie, les interprétations erronées et le manque de respect à mon égard.
Actuellement, je me sens bien là où je réside, peut-être un petit peu sous tutelle. J’ai pourtant décidé de n’avoir avec ma famille que des contacts téléphoniques. C’est moi qui déterminerai quand je prendrai contact avec les journalistes.
Quant à ma fuite : quand j’ai dû nettoyer et aspirer la voiture dans le jardin, il s’est éloigné à cause du bruit de l’aspirateur. C’était ma chance. J’ai simplement laissé l’aspirateur allumé. D’ailleurs, je ne l’appelais jamais maître, même s’il le voulait. Je pense qu’il voulait se faire appeler comme ça, mais il ne le pensait pas tout à fait.
J’ai pris un avocat de confiance pour les questions juridiques (…)
Tout le monde veut sans arrêt poser des questions intimes qui ne regardent personne. Peut-être que je raconterai à ma thérapeute, ou si je devais en ressentir le besoin, ou peut-être jamais. Mon intimité n’appartient qu’à moi.
La personne qui a conduit le ravisseur à la gare avant que celui-ci ne se suicide « ne doit pas se sentir coupable.
Il n’y peut rien, c’était la décision de Wolfgang de se jeter sous le train. J’éprouve de l’empathie pour la mère de Wolfgang : je peux me mettre à sa place aujourd’hui et ressentir ce qu’elle ressent. Nous pensons toutes les deux à lui.
Je souhaite remercier toutes les personnes qui se soucient tant de mon sort. S’il vous plaît, laissez-moi tranquille dans les prochains temps.
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22-08-2007
Protégé : 22 août
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22-08-2007
La solitude
Depuis plus d’une dizaine d’années, la solitude revient en un thème récurrent et sous toutes ses formes, pourtant nous vivons au XXIe siècle, l’âge du cyber, des moyens de transport qui décoiffent, des endroits de rencontre de plus en plus nombreux.
Pourquoi sommes-nous seuls ? Par méfiance ou par égoïsme. Avons-nous peur de partager, de donner, d’offrir, de construire ? Est-ce la peur qui fait que la solitude devient un moyen de se protéger ? De la tromperie, du divorce, du partage des biens, de la souffrance d’un amour perdu, du chaos de la séparation, de l’abus financier à sens unique, de se retrouver seul encore. Pourquoi avons-nous perdu confiance en l’autre ? Qu’a fait naître cette société de consommation ? L’être humain “kleenex”…
N’y a-t-il plus de place pour l’être humain sincère ? Pourtant, à côté de tout cela, nous sommes bien conscients que dans la vie, la plus belle chose que nous pouvons ressentir, c’est l’amour, l’amour que l’on offre, celui que l’on reçoit et ces autres sentiments tout aussi essentiels comme l’amitié, l’honnêteté, la satisfaction d’aider.
N’y aurait-il plus de place en 2004 pour la sincérité ? Où en sommes-nous ? Que devient l’être humain ?
Article paru dans Exclusif. (28-04-2004)
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21-08-2007
Ma solitude, de Colette
Ma solitude, cette neige de décembre, ce seuil d’une autre année ne me rendront pas le frisson d’autrefois, alors que dans la nuit longue je guettais le frémissement lointain, mêlé aux battements de mon cour, du tambour municipal, donnant au petit matin du 1er janvier, l’aubade au village endormi… Ce tambour dans la nuit glacée, vers six heures, je le redoutais, je l’appelais du fond de mon lit d’enfant, avec une angoisse nerveuse proche des pleurs, les mâchoires serrées, le ventre contracté… Ce tambour seul, et non les douze coups de minuit, sonnait pour moi l’ouverture éclatante de la nouvelle année, l’avènement mystérieux après quoi haletait le monde entier, suspendu au premier rrran du vieux tapin de mon village.
Il passait, invisible dans le matin fermé, jetant aux murs son alerte et funèbre petite aubade, et derrière lui une vie recommençait, neuve et bondissante vers douze mois nouveaux… Délivrée, je sautais de mon lit à la chandelle, je courais vers les souhaits, les baisers, les bonbons, les livres à tranche d’or… j’ouvrais la porte aux boulangers portant les cent livres de pain et jusqu’à midi, grave, pénétrée d’une importance commerciale, je tendais à tous les pauvres, les vrais et les faux, le chanteau de pain et le décime qu’ils recevaient sans humilité et sans gratitude…
Matins d’hiver, lampe rouge dans la nuit, air immobile et âpre d’avant le lever du jour, jardin deviné dans l’aube obscure, rapetissé, étouffé de neige, sapins accablés qui laissiez, d’heure en heure, glisser en avalanches le fardeau de vos bras noirs, coups d’éventails des passereaux effarés, et leurs jeux inquiets dans une poudre de cristal plus ténue, plus pailletée que la brume irisée d’un jet d’eau… O tous les hivers de mon enfance, une journée d’hiver vient de vous rendre à moi ! C’est mon visage d’autrefois que je cherche, dans ce miroir ovale saisi d’une main distraite, et non mon visage de femme, de femme jeune que sa jeunesse va bientôt quitter… (Les Vrilles de la vigne, 1908)
1. « aubade » : concert donné à l’aube sous les fenêtres de quelqu’un.
2. « avènement» : arrivée, venue.
3. « tapin » : celui qui bat du tambour.
4. « pénétrée d’une importance commerciale» : convaincue de jouer un rôle commercial important
5. « le chanteau de pain » : morceau d’un grand pain ; « décime» : dix centimes. Termes rares et régionaux.
6. « passereaux » : oiseaux de petite taille.
Quel bonheur d’avoir découvert ce texte de Colette, sur la solitude.
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21-08-2007
Lettre à la solitude, de Michèle Assante
Je reviens d’un voyage au cœur d’une contrée emmitouflée dans la lenteur du rythme. Qui est contraint d’y séjourner, dessaisi de la liberté de fuir, qui prend le temps d’accueillir cette lenteur en lui touche alors l’incroyable puissance souterraine de l’immobilité apparente, la force irradiante d’une énergie close sur elle-même. L’extrême lenteur pétrit imperceptiblement mais efficacement la pâte d’où se remodèlera le geste.
Je reviens d’un voyage au centre d’une terre fertile, un quelque part réfractaire à une quelconque localisation, où s’enracine le mouvement – une aire tout entière repliée sur son mystère, inabordable par la parole –, point de rencontre entre le corporel, le psychique, l’affectif, le spirituel… et tant d’autres réalités innommables… (point de rencontre ou point d’émergence ?).
Au retour d’un voyage aussi étrange des quelques mots qui racontent s’échappe l’essentiel.
L’essentiel ? Une métamorphose en soi ?
Ce voyage instruit sur la facticité d’une certaine question du sens. Lorsque ce qui charpente votre espace familier fond brutalement, lorsque vous perdez la maîtrise de votre corps comme de votre réflexion, lorsque le quotidien se dérobe, la simple certitude d’être là, et que les autres soient là – c’est-à-dire en vie –, la prise de conscience de posséder l’essentiel, rendent caduque et malvenue toute interrogation sur le sens de la vie.
Vous êtes là, inactif, immobile, inutile, et vous accueillez chaque instant avec une infinie reconnaissance. Vous découvrez que ce rien, cette immobilité, c’est la vie.
Vous êtes là, passif, et vous sentez la sève vitale qui flue et reflue, sans discontinuité, qui nourrit d’une même substance les faits les plus spectaculaires comme les détails les plus insignifiants ; vous savourez votre sensation ; vous êtes fondamentalement heureux.
Maintenant le plus difficile reste à faire. Comment ne pas trahir ? Parfois un sentiment de nostalgie s’éveille en moi : la nostalgie du passé inconscient, de l’avant, du temps de l’immortalité ; la nostalgie du passé proche aussi, protecteur en dépit d’une impossibilité à être. La nostalgie du passé me guette face à l’effroi du temps à venir : serai-je capable de donner forme à l’enseignement dont cette épreuve est porteuse ?
Maintenant la question du sens surgit différemment.
Souvent mes périples nocturnes me déversent dans l’écheveau embrouillé des couloirs de métro. Je tourne à droite, bifurque à gauche, reviens sur mes pas, traverse un quai, cherche en vain un repère. Les multiples flèches affichées en tout sens me donnent le tournis. Je suis au point de départ, mais après ? Comment trouver la bonne direction ?
Je ne sais.
Je sais seulement qu’il me faut avancer. La marche arrière pétrifierait. Tenter de retourner vers là d’où je viens, tenter de retenir ce qui se refuse à être retenu, anéantiraient la valeur de sa traversée.
Je reviens d’un voyage dans un lieu étrange. Maintenant ici tout est à redécouvrir, y compris moi-même.
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21-08-2007
P’tit-Caillou : Le prix de la solitude
Pas toujours facile de faire comprendre aux proches, amis, connaissances, que le seul remède au mal que l’on a c’est la solitude. Pourtant c’est une » thérapie » reconnue, et même fortement conseillée.
Mais comment faire comprendre, ou du moins accepter, aux » autres » qu’on a besoin de cette solitude pour se concentrer sur soi-même, pour trouver l’énergie d’un renouveau ? On essaye d’arrêter d’être accaparée par l’attention des autres, leurs efforts à nous sortir de cette solitude pour nous » forcer » à avoir une vie familiale ou sociale. Mais le choix de la solitude n’est pas compris comme une nécessité, comme un besoin vital de temps pour soi-même, pour réfléchir au calme.
Goûter au calme et au silence pour réfléchir, pour arriver à quitter certains chemins que l’on connaît, pour en prendre d’autres, sans vraiment savoir ce qui nous attend.
Tout, chez tout le monde, part d’un bon sentiment, d’un élan de solidarité. Aider l’autre. Mais à un certain moment, si aider l’autre c’est de le laisser à sa solitude, on se heurte à l’incompréhension. Qui parfois peut aller au rejet. On veut aider, mais de la façon dont on a décidé d’aider, pas de la façon dont l’autre a besoin d’être aidé.
Tout cela pour en venir à la constatation que je suis en train de perdre certaines personnes, rien que parce que mon besoin de solitude n’est pas accepté. On veut prendre soin de moi, alors que le parcours actuel est d’apprendre à prendre soin de moi par moi-même. J’ai beau dire et répéter que je prends soin de moi, que je suis en thérapie, que la seule personne avec qui je suis capable d’échanger quoi que ce soit pour le moment c’est ma psy, rien n’y fait.
J’ai traversé deux mois de grand désespoir où la seule chose qui me faisait du bien était de pleurer sur mon triste sort. J’ai passé des jours et des jours à pleurer que parfois je me suis demandé comment il était possible qu’un corps » fabrique » tant de larmes…… Et puis un jour, de façon assez soudaine, les larmes se sont arrêtées. Je m’en souviens très bien, j’ai pleuré tout un samedi, et le dimanche matin, c’est comme si j’avais réalisé que c’était fini. Les larmes avaient été évacuées. C’était la fin du désespoir.
Puis commence la période de chagrin. De tristesse. Il n’y a plus de larmes, juste un état de tristesse, une sorte d’acceptation du chagrin. C’est à nouveau une période propice à la solitude, au retrait, pour un face-à-face avec soi-même. Ce besoin d’intimité, d’espace, de temps pour soi et soi seul.
Je suis en plein dans cette période. Je ne peux sortir de la solitude qu’à certains moments, qui ne peuvent pas être décidé par les autres. Je suis incapable de forcer quoi que ce soit, c’est trop difficile. Je » craque » encore trop souvent. Je suis encore trop à apprendre à me prendre en charge.
Je suis mon propre rythme de vie. J’essaye de m’exprimer du mieux que je peux. Mais souvent les gens ne me » reconnaissent » pas, ne retrouvent pas la personne que j’étais avant. Celles dont ils étaient l’amie, la sœur, le frère, le mari.
Mais moi, je suis toujours moi. Je suis simplement arrivée à cette croisée des chemins où le passé ne me convient plus, et où je suis dans une sorte de période de transition. J’ai tout arrêté pour me » retirer « , me recentrer sur moi.
Je découvre des choses formidables sur moi, certains coins de voile qui se lèvent, des prises de conscience bénéfiques.
Tout cela a un prix : la perte de certaines personnes, qui pour une raison ou une autre, n’acceptent pas.
J’ai écrit tout cela pour elles. Je suppose que leur abandon, leur rejet, est quelque part dû au mal que je leur fais par ce besoin de solitude et de repli sur moi.
Mais ce mal m’est nécessaire, et je leur en demande pardon.
Et puis, il y a les autres. Ceux qui comprennent. Qui sont là, quoi que je fasse, quoi que je décide. Ils restent dans l’ombre et attendent. Ils savent. Prennent de temps en temps de mes nouvelles.
Je sais qu’ils sont là. Parfois, plutôt que d’attendre qu’ils prennent de mes nouvelles, je leur en donne, spontanément. Ils savent, que de temps en temps, je sors de cette solitude, et que j’irai vers eux. Tout cela m’est nécessaire et bénéfique, je le sais.
Dimanche passé, la main de ma mère qui serre la mienne, était l’ultime confirmation que, si le choix de cette solitude à un prix, il vaut très largement la peine d’être payé.
http://lesjoursapres.skynetblogs.be/post/3953871/le-prix-de-la-solitude
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21-08-2007
75) Le futur antérieur – Jean Tardieu.
Très jeune, je me suis installé dans mon passé. Non dans un passé réel que je ne pouvais encore posséder mais dans une vision anticipée de mon destin, comme si ma vie s’était déjà déroulée jusqu’au bout, comme si je la contemplais du haut de ma mort, dans la mélancolie du souvenir.
Peu à peu, le vrai passé recouvre cette sorte d’image antérieure, à la façon d’une ombre de nuage épousant les contours et les volumes d’une montagne. Le passé prévu et le passé vécu se rejoignent lentement : la zone encore claire, pressentie, reconnue, acceptée, diminue chaque jour. Elle n’est qu’une illusion de liberté et de découverte.
Ainsi, quand viendra la mort, elle ne trouvera personne : il y a longtemps que j’ai cessé de vivre et que je me contemple avec une infinie tristesse dans la paix des temps accomplis.
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20-08-2007
Du lien social, de Leslie Kaplan.
J’ai pensé qu’il serait intéressant de s’arrêter sur ce titre, le lien social. Je veux dire : ne pas gommer le paradoxe. Il peut en effet sembler paradoxal qu’à des écrivains on demande d’intervenir dans ce sens. Je ne parle pas bien sûr des préjugés, ou de la vision romantique, l’écrivain comme individualiste, etc. Ni de l’oeuvre même, qui a évidemment sa place dans la société et le monde, comme lien, comme rupture de lien, et création de nouvelles formes de liens. Mais le travail d’écriture est un travail solitaire, alors en quoi ce travail peut-il être sollicité par rapport à la question du lien social? Comment penser l’expérience de l’écrivain en ce qu’elle aurait quelque chose à voir avec le lien social ? partager, transmettre quoi ?
D’autre part, s’il s’agit de tisser ou de renouer des liens au sein de la population, qu’est-ce à dire sinon que l’on constate à quel point ce tissu est défait, détruit.
Hannah Arendt, dans Les origines du totalitarisme : « Ce qui, dans le monde non totalitaire, prépare les hommes à la domination totalitaire, c’est le fait que la désolation qui jadis constituait une expérience limite, subie dans certaines conditions sociales marginales, telles que la vieillesse, est devenue l’expérience quotidienne de masses toujours croissante de notre siècle. »
La désolation, d’après Arendt, le terme anglais est loneliness, c’est l’isolement, la solitude non pas choisie mais subie. Il me semble qu’on peut développer : c’est l’accablement devant la lourdeur du monde, l’impression d’être dépassé par le monde, d’être complètement incapable de lui faire face. C’est le malheur, le sentiment d’avoir été abandonné, petit et abandonné, sentiment tellement fort qu’il peut engendrer la perte des repères, la perte de l’identité, et finalement l’aliénation totale, avec la capture par des idéologies de ressentiment. Pour Arendt c’est ce qu’elle analyse comme la société industrielle de masse qui produit la désolation, personnellement je suis d’accord avec elle. Mais ici n’est pas le lieu de la recherche des causes, mais du constat, et de se demander : et alors, quoi, et quoi de l’écrivain par rapport à cette situation.
Les situations sont les plus variées, tous les lieux du monde actuel, ville, hôpital, prison, maison de retraite, écoles…
Or, ce qu’il faut remarquer : chaque fois que le lien social est attaqué, c’est le lien avec le langage qui est aussi attaqué. Dans la désolation, ce qui est atteint, c’est aussi le langage, le lien fondamental humain du langage, la confiance dans les mots, dans la parole de l’autre. La parole de l’autre, de n’importe quel autre, est mise en cause, mise en doute, on n’y croit plus, quel intérêt, c’est pas la peine, à quoi servent les mots, c’est du baratin, du bla bla bla. On laisse tomber, comme on a été laissé tombé.
D’où une violence en miroir à la violence qui a été faite, d’où l’adhésion à n’importe quoi, religion, superstition, délire politique, drogue…
Je pense donc que pour que le tissu social soit reconstruit, il faut aussi prendre en considération la question du langage.
Ce qui ne veut évidemment pas dire que c’est la seule dimension impliquée. Le réel excède toujours les mots.
Il suffit de penser un instant par exemple à une maison d’arrêt, où les détenus sont huit dans une cellule, cellule où il y a par ailleurs les sanitaires, ou à un collège de banlieue où les élèves sont parqués, trop nombreux, presque réduits à l’anonymat, des enfants presque anonymes, ou à une maison de retraite qui à quatre de l’après-midi sent déjà, ou encore, le poisson…
Désolation soft , désolation quand même.
Le réel excède les mots, mais c’est dialectique, s’il n’y a pas confiance dans les mots, rien ne peut se faire de durable, aucun changement important, qui tienne.
Un lien social, humain, passe par un rapport au langage où le langage vit, peut vivre, dans ses deux dimensions fondamentales : comme parole adressée, lieu d’accueil pour l’autre, et comme matière polysémique, moyen d’expérimentation et de jeu avec le monde et les autres.
Le langage permet le je, le sujet, parce qu’il permet le jeu avec le monde, les autres. Mais cela est possible seulement si le monde, les autres, ont déjà permis ce rapport-là au langage.
La confiance dans le langage, dans la parole adressée, avec ce qu’elle comporte de promesse, que chacun sente qu’il existe pour l’autre, et, l’affirmation, qu’elle soit formulée ou non, du caractère polysémique du langage, de sa dimension fondamentale de jeu et d’expérimentation, c’est la moindre des choses pour un écrivain, parce que c’est ce qui le constitue comme écrivain.
Pour moi il est évident que les écrivains qui s’intéressent au lien social peuvent trouver un sens dans des expériences de terrain souvent éprouvantes parce que ces expériences sont aussi la réaffirmation de ce qui fonde leur travail à eux, écrivains.
Conséquences : ce n’est pas sur tel ou tel artiste-écrivain que se porte le transfert, le désir de travail, mais sur la fonction écrivain.
Donc ce n’est pas comme un écrivain particulier porteur d’une oeuvre particulière que l’on intervient, mais comme « l’écrivain », transmetteur de la fonction même du langage.
Modestie si on veut mais surtout responsabilité par rapport à cette transmission là.
Cela ne veut nullement dire que l’écrivain qui fait des rencontres, des ateliers d’écriture, etc, ne doit pas parler de son oeuvre, au contraire. Mais en tant que son oeuvre, ou l’oeuvre de ses contemporains, ou de ses écrivains préférés, etc, sont des moyen de passer ces qualités fondamentales du langage.
Il s’agit d’inventer par rapport à ce qui est au coeur de la demande, même si ce n’est pas formulé : le langage comme construction du sujet dans son rapport au monde, remise en circulation de ce qui est isolé, figé dans la désolation.
Orienter le travail en ce sens.
Pas tant aider les gens à « s’exprimer », ce que pour le moment ici et maintenant en France ils peuvent faire à peu près, mais à PENSER, avec les mots, là où ils sont, leur rapport au monde, aux autres.
Mettre en relation, faire des rapprochements, des ponts, des liens.
Et penser c’est aussi jouer, mettre de la légèreté là où il y a de la lourdeur, de l’inertie…
C’est quitter la solitude inhumaine, la désolation, pour tenter d’instaurer un bon rapport à la solitude, c’est-à-dire un bon rapport à soi-même et aux autres.
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20-08-2007
Protégé : 20 août
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18-08-2007
Eric Orsenna.
Lu : Il ne faut pas confondre amitié et confidences…
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18-08-2007
Lycantropie
Dans l’ancien temps les gens croyaient que les bébés étant nés avec des cheveux ou avec une tache de vin étaient des loups-garous.Mais qu’en est-il du présent?
À notre époque la lycantropie ne fait plus l’objet de superstitions religieuses et est entrée dans le domaine de la pathologie.Il y avait beaucoup de gens qui souffraient et souffrent de lycantropie.C’est à dire des gens qui croiyaient (ou voulaient) tellement qu’ils étaient des loups-garoups qu’ils se voyaient comme tel.
Le mot
Cette maladie mentale existait bien avant le moyen-âge les premiers cas sont apparus au temps des Grecs et Romains lors de crises de famines. Des hommes et femmes qui se sentaient transformés en loups-garous allaient se jetter sur des toupeaux d’animaux ou carrément sur des hommes.Ils ne sortaient plus que durant la nuit et se tiennaient dans des cimetières.
Lycantrope :
Dans les pays d’Asie on racontaient que les lycantropes étaient des renards-garoups ou des lynx-garoups. Puisqu’il n’y avait pas de loups en Asie.
Il existe une vielle légende venant d’Haïtie sur eux. Il s’agirait de femmes fesant partit de la secte rouge (secte voodou) qui auraient le pouvoir de se transformer en bête, de jeter des sorts et de voler durant la nuit. La légende haïtienne veut que les loups-garous laissent des trainées lumineuses dans le ciel, car ils volent, ainsi qu’une forte odeur de soufre dans leur sillage. Ils se nourissent du sang des enfants, ce qui leurs donne des pouvoirs surnaturels.
Une autre légende, européenne, dit c’est le diable lui-même qui se cache sous l’illusion pour commetre ses méfaits, celui-ci restant coupable puisqu’il ne fait que suivre ses désirs. Soit, l’ultime possibilitée, le diable joue sur deux niveaux : sur le sujet atteint pour faire qu’il se sente tel qu’il n’est pas, mais aussi et surtout sur autrui pour qu’il le voie tel qu’il n’existe pas. Malheureusement pour lui le diable ne peut contrefaire la perfection divine, l’illusion » loup » toujours, à un détail près alors souvent il y a un élément en qui diffère queue trop petite, patte humaine, peau trop grande etc.
Sinon il y a une croyance qui raconterait que c’est seulement un humain ou groupe d’humains qui pratiquerait le cannibalisme.
Peut importe la croyance ce mythe a fait plus d’un mort en effet entre1500 et 1700 il y a eu environ 100 000 personnes qui sont mortes au bûcher. Cette croyance fut enterré avec les affreux souvenir d’un membre de sa famille brûlé vif. Mais bizarrement aujourd’hui encore beaucoup prétendent en avoir vus.
Mais ce n’était pas toujours mal vu de devenir loup-garoup. En effet au temps des Grecs et Romains il était considéré comme divin d’en être un. Un loup-garoup était sencé avoir la faveur des dieux. Mais plus tard toujours dans le même peuple on disait au contaire qu’il sagissait d’un châtiment divin que les mortels recevaient quand ils fesaient des sacrifices humains.
Comment arrêter un loup-garou.
La légende dit qu’il faut d’abord attendre la pleine lune afin qu’il se transforme. Puis le tuer avec une balle d’argent ou l’asperger avec de l’eau bénite.
Lycantropie (Folie humaine ou maladie?)
1.Le phénomène des enfants sauvages a beaucoup contribué au mythe de l’homme-loup.
2.L’hypertrichose, un développement anormal de la pilosité du corps. La personne se couvrait d’une fourrure qui ne contribuait pas à lui donner l’air innocent.
3.Un délire, appelé lycanthropie, se rapporte au malade qui se prend souvent un loup. Il hurle à la lune, mord, griffe et se déplace à quatre pattes.
4.La légende est soutenue par des pratiques rituelles. L’absorption de poisons et d’extraits de plantes pousse l’individu à un comportement anormal. Il est possible que le « sorcier » ait halluciné jusqu’à se croire devenu loup.
5.La rage a sans doute aussi contribué à répandre la croyance en le loup-garou.
6.Il existe une anomalie génétique héréditaire qui se manifeste par une sensibilité à la lumière et une coloration anormale du corps, souvent accompagnée d’un comportement psychotique.
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18-08-2007
Solitude
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17-08-2007
21) Pascal Obispo : Soledad – 1999
Faire de sa solitude une prison
Où juste les pensées s’évadent
En faire son enfer et sa raison
Pour seul laisser passer
{Refrain:}
En mi soledad
En mi soledad {chœurs}
Laisser passer…
En mi soledad
En mi soledad {chœurs}
Laisser glisser…
En mi soledad
En mi soledad {chœurs}
Laisser faire
En mi soledad
N’avoir pas vu le cours des saisons
A rester les volets fermés
Ni lever les yeux vers l’horizon
Pour juste laisser entrer
{au Refrain}
Trouver trop longue l’éternité
Et pouvoir un jour à son tour
Laisser entrer…
En mi soledad
(Luz Casal)
En mi soledad eres como el sol
En mi soledad,
Tu eres para mi
En mi soledad, lo mejor…
En mi soledad
En mi soledad… laisser passer
En mi soledad… laisser glisser
Y en mi soledad… laisser faire
… En mi soledad… laisser passer
En mi soledad… laisser passer
En mi soledad… laisser glisser
En mi soledad… En mi soledad…
Laisser passer…
En mi soledad… Laisser faire
Humm… laisser faire…
Laisser glisser
En mi soledad… En mi soledad…
Laisser passer
Laisser passer
En mi soledad… En mi soledad…
Laisser faire…
Humm… laisser faire
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17-08-2007
William et Thomas Green
L’ouest canadien se passionne depuis plusieurs semaines pour l’étrange histoire de deux « enfants sauvages » affamés revenus récemment à la civilisation. Ils sont sans papiers et affirment avoir passé presque toute leur vie dans les vastes forêts de Colombie-Britannique. Les frères William et Thomas Green, âgés respectivement de 16 et 22 ans, ont été découverts par des marcheurs tombés par hasard sur leur campement de fortune installé en forêt non loin de la ville de Vernon, à 280 km à l’est de Vancouver. Ils sont depuis hébergés et nourris par ces gens qui leur ont aussi fourni de nouveaux vêtements.
Les jeunes hommes affirment être nés et avoir été élevés en forêt par leurs parents, des Américains, qui se prénomment eux-mêmes Mary et Joseph, mais qui n’ont aucune preuve d’identité. Encore plus inhabituel, ils affirment n’être jamais allés à l’école ni chez un médecin, n’avoir jamais regardé la télévision ni eu des amis d’enfance, raconte Rhelda Evans, une conseillère du député fédéral Darrel Stinson. Ils vivaient de la chasse, de la pêche et de la cueillette et leurs contacts avec le monde extérieur se limitaient à de rares sorties en famille dans la ville de Revelstoke pour des achats et à la visite qu’ils recevaient parfois d’un ami de leurs parents.
L’aîné a affirmé à Mme Evans qu’il avait quitté il y a quelques mois la cabane en rondins reculée de ses parents parce que sa mère n’acceptait pas qu’il décide de devenir végétarien. « Elle lui a dit qu’il se laissait corrompre par le monde extérieur. En fait, elle craignait peut-être seulement que, comme végétarien, il ne puisse pas survivre aux hivers de Revelstoke, et lui a donc demandé de partir », a indiqué Mme Evans. Son jeune frère l’a suivi et ils ont fini par se retrouver à Vernon. « Ils venaient ici presque tous les jours mais ils ne parlaient pas beaucoup. Ils étaient timides et évitaient de me regarder, même quand venait le temps de payer », raconte Chandace Chase, la caissière d’une épicerie locale. A la différence d’autres adolescents, ils n’ont jamais acheté de friandises ou autres sucreries, a-t-elle dit.
Les personnes qui les ont pris en charge ont refusé que la presse les rencontre ou les photographie mais, selon Mme Chase, ils sont très grands, très maigres et très pâles. La police fédérale canadienne corrobore le fond de leur histoire, tout en la nuançant. « Il n’y a aucun doute qu’ils vivaient dans un endroit très isolé mais ils avaient un poste de télévision, une radio et un appareil vidéo. Leur cabane était munie de panneaux solaires qui faisaient fonctionner une génératrice. Leurs parents sont éduqués et leur ont appris à lire et à écrire et à se servir des commodités d’aujourd’hui », a affirmé un porte-parole de la police, Henry Proce.
La police cherche maintenant à entrer en contact avec leurs parents ou leurs grands-parents. Plusieurs agences du gouvernement de la province tentent de leur venir en aide mais leurs efforts sont compliqués par le fait qu’ils n’ont pas de certificat de naissance ni d’autre document établissant leur citoyenneté canadienne, ce qui leur donnerait droit à l’aide gouvernementale ou de travailler. (8-11-2003)
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17-08-2007
Cyril Payen : Les enfants sauvages de l’Angkar
Terrés dans la jungle
Mao ignore quel jour il est né. Il pourrait tout au plus mentionner une saison, mais il ne parle pas. On lui donne 12 ans. Son père corrige: «Il en a 16.» Le corps dépigmenté, marron et blanc, couvert de cicatrices, il reste prostré du matin au soir au pied de sa cabane sur pilotis, ou il joue, comme maintenant, avec l’élastique qui retient ses cheveux.
Il s’entend bien avec les petits enfants de ce village sans électricité situé au bout d’une piste cabossée à 20 kilomètres de la frontière vietnamienne, dans la province du Ratanakiri. Ils sont à peine plus âgés que le propre fils de Mao, né il y a deux ans quelque part dans l’épais maquis de l’extrême nord du Cambodge.
Le mariage de ses parents, sa naissance, son propre mariage avec une menuh prey, une fille de la forêt, la paternité: le destin de toute la famille de Mao est lié à la jungle depuis ce jour de 1979, il y a vingt-cinq ans, où quatre familles khmères rouges ont choisi de déserter, puis de s’évanouir dans les bois, alors que les tanks vietnamiens entraient dans leur village. Partis à douze personnes, ils ont réapparu à trente-trois en novembre dernier, au Laos, très loin du village. Une génération de cavale, de marches forcées, sans aucun contact humain extérieur. Les armes ont été jetées le premier jour. Les souliers ont tenu une semaine. Les pantalons, dix ans. Ensuite, il a fallu faire avec les moyens du bord. La communauté s’est vêtue d’écorces d’arbres. Les enfants ont appris à jouer sans bruit, dans la terreur d’une capture par les Khmers rouges ou les Vietnamiens. Obsédés par leur survie, ils ont peu varié leur quotidien. La chasse pour les hommes, la cuisine pour les femmes, un changement incessant de camp, le froid la nuit, les longues pluies de mousson et l’espoir qu’un jour ils reviendraient au village.
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«Nous nous sommes égarés au bout de quelques jours, explique le père de Mao, ensuite, nous nous sommes enfoncés toujours plus profondément. Après, j’ai perdu les mots et l’écriture.» Il a aussi oublié les mois et les semaines. Aujourd’hui, cet homme de 40 ans ressemble à un vieillard. Ses enfants, qui caressent des pneus de voiture, font cinq ans de moins que leur âge. C’est l’arithmétique de l’exil dans la jungle. Ils n’ont guère parlé pendant toutes ces années. Mao ignorait ce qu’était un village. Il n’avait jamais vu de canard, ni d’homme blanc, ni de chemise ou encore cette Mobylette dont il rêve maintenant, quatre mois après son arrivée dans la civilisation.
Personne n’explique pourquoi le groupe a décidé, un jour, de quitter le maquis. «Je me suis résigné à me faire tuer par les Vietnamiens plutôt que de continuer dans ces conditions», avance le père. Renvoyés au Cambodge par la police d’immigration laotienne, ignorants de la marche du monde pendant vingt-cinq ans, ils apprennent la mort de Pol Pot et la fin de la guerre.
En souriant, il reconnaît: «On aurait pu rentrer plus tôt!» Mao crache du sang depuis deux semaines. Comme sa mère, morte au début de l’année. Une violente toux secoue toute la communauté, rattrapée par un cortège de maladies, paludisme, bronchite, tuberculose
Sous l’oeil du chef du village, lui-même un ancien cadre khmer rouge, une femme un peu ronde s’avance. Son groupe de 250 personnes a quitté la jungle en 1999, après vingt-deux ans d’errance. Il y avait des dizaines de groupes, des milliers de fuyards en 1979. Tout le monde serait rentré. «Et ces trente-trois-là seraient bien les derniers.» Alors, n’y a-t-il plus personne dans la jungle? Beaucoup, y compris le gouverneur du Ratanakiri, n’en sont toujours pas si sûrs.
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15-08-2007
Le goût de la solitude, de Edgar Blaustein
Solitude, de Dominique Dardek
Il y a deux ans, j’ai vécu la rupture d’une relation. Involontaire de ma part — ma copine avait décidé de partir. Je n’étais pas habitué à ce genre de situation, car j’avais passé toute ma vie adulte autour de deux relations, presque sans intervalle entre les deux. A l’age avancé de trente-deux ans, je me trouvais seul pour la première fois de ma vie. Et j’étais obligé de mesurer à quel point ma vie avait été fondée sur une relation avec une autre personne. Ma situation a remis en cause tout ce que je faisais travail, amitié, activité politique, loisirs, même la nourriture.
J’ai passé quelques mois comme dans le brouillard. Rien ne me semblait solide. Je me sentais de nouveau adolescent. D’abord j’ai essayé de continuer ma vie comme si de rien n’était passé. Impossible. Enfin, j’ai compris la nécessité d’apprendre à vivre seul, ou au moins de supporter la solitude. J’ai retrouvé quelques petits plaisirs des choses que j’avais oubliées dans ma vie de couple, remplie d’engagements, de choses à faire et de conversations animées. J’ai recommencé le jogging. C’était au moins une : activité solide, concrète, corporelle. Je montais sur la colline derrière ma maison et, au bout de vingt minutes, je me trouvais dans la forêt de séquoias, au sommet, tout essoufflé. L’effort, même la fatigue, était agréable. Ça me tirait hors de moi-même, de mon état renfermé.
Les vacances approchaient. D’habitude, j’allais en montagne. Avec ma copine, bien entendu. Mais plus de copine. Quoi faire ? Pendant trente ans, j’avais marché dans les montagnes, mais jamais seul. J’ai décidé que j’étais adulte, et que j’irais seul. Ma décision fut favorisée par manque de choix : impossible de rester en ville toutes les vacances. Et me voilà, sur le franc ouest de la Sierra Nevada à la fin de l’après-midi. Avec quelqu’un, j’aurais attendu le jour suivant avant de commencer la marche. Mais seul, je suis pris par une peur de rester inactif, donc je commence tout de suite. Je marche vite, comme un animal poursuivi. Au crépuscule je m’arrête et je monte ma tente. Je mange rapidement, un bout de fromage et du pain. Pas la peine de cuisiner. Je dors, mal. Je me lève tôt le matin. Pas question de rester seul dans « l’intimité » de ma tente. En fait, il n’y a pas d’intimité. Je suis frappé, voire bouleversé, par l’incomparable majesté des montagnes. Je me sens tout à fait incapable d’accepter seul toute cette beauté. Je veux crier à quelqu’un « Oh wow ! Regarde ça ! » Mais il n’y a personne. Le crier à moi-même ? Ça n’a pas de sens.
Je marche et je marche. Progressivement j’apprends à apprécier, pour moi seul, la marche, mon loisir préféré, mais que j’ai aimée jusqu’ici en relation avec une autre personne. Je marche où je veux, mange quand j’en ai envie, dors quand je suis fatigué. C’est moi qui décide. Pas de discussion, donc pas de disputes ; mais j’ai du mal à accepter cette liberté. Je pense à la chanson de Janis Joplin « Bobby McGee » : « Freedoms just another word for nothing left to lose… » (La liberté ce n’est qu’un autre mot pour « rien à perdre »). Eh bien, me voilà libre.
J’aime tellement marcher. Pour la première fois de ma vie, je peux marcher sans arrêt, et je le fais. Mon côté macho n’est pas limité par la présence d’une autre. Un grand plaisir de me lever le matin, de regarder une montagne au loin, de marcher toute la journée et d’y arriver le soir. Je peux aller jusqu’au bout, marcher jusqu’au point d’être crevé. Je ne peux plus dire que c’est « elle » qui m’empêche de faire ce que je veux. Donc, je suis obligé de décider si vraiment je veux le faire.
Je fais les courses. Un plaisir, de voir tous les légumes, les fruits : une vraie richesse. C’est la fin de la saison, et les fraises sont très belles, et pas chères. J’en achète deux barquettes. Le lendemain, un samedi, je me rends compte que les deux amis avec qui je partage mon appartement sont partis pour le week-end. Je n’ai pas pensé à inviter quelqu’un pour dîner. Qui va manger les fraises ? Elles vont pourrir. Tout d’un coup, je me rends compte que MOI, je peux les manger, tout seul. Révélation. Moi, j’ai mes propres envies. Je mange les fraises. Je me sens coupable. Ce n’est pas correct de consommer tout ça, seul. Mais je m’excuse. Après tout, je n’ai pas le choix. On ne peut pas laisser pourrir de la nourriture.
La deuxième fois que je fais les courses, j’ose me poser la question « Que veux-tu manger ? » Une nouvelle façon de penser. Moi, la première personne du singulier du verbe vouloir. J’ai toujours aimé la nourriture en fonction des avis des autres. J’achetais pour faire plaisir à ma copine, à des invités, à des mecs avec qui j’habitais. Maintenant j’apprends à me faire plaisir à moi-même. Et à penser que c’est une raison suffisante pour faire quelque chose. Ce n’est pas facile. Souvent je me sens paresseux. Il faut un grand effort pour faire la cuisine quand on est seul. Souvent je grignote, sans manger un vrai repas de toute la journée. Je me sens infantile est-ce que je ne suis pas assez adulte, assez responsable pour m’occuper de moi, pour manger correctement ? J’arrive à un compromis je fais des « burritos » (haricots rouges avec fromage, frits dans une galette). C’est vite fait, mais c’est tout de même chaud, et je peux dire que je me suis fait à manger.
Être seul. Pourquoi est-ce si difficile ? Je pense à des ermites, à des écrivains qui ont passé plusieurs années beaucoup plus seuls que moi. Après tout, je voyais mes collègues chaque jour. Et même si j’avais perdu une amie privilégiée, il me restait d’autres amitiés en fait, des amitiés aussi importantes. En quoi consistait cette « solitude » ? Je n’étais pas si seul. Et en tous cas, d’où venait la difficulté ? Être seul, c’est être avec soi-même. Est-ce que je me trouve si ennuyeux que ça soit si pénible de me trouver sans une autre présence pour diluer ma propre présence ?
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14-08-2007
Friedrich Nietzsche (1878-1879). Ainsi parlait Zarathoustra (3e partie) Le retour
O solitude ! Toi ma patrie, solitude ! Trop longtemps j’ai vécu sauvage en de sauvages pays étrangers, pour ne pas retourner à toi avec des larmes !
Maintenant menace-moi du doigt, ainsi qu’une mère menace, et souris-moi comme sourit une mère, dis-moi seulement : « Qui était-il celui qui jadis s’est échappé loin de moi comme un tourbillon ? — celui qui, en s’en allant, s’est écrié : trop longtemps j’ai tenu compagnie à la solitude, alors j’ai désappris le silence ! C’est cela — que tu as sans doute appris maintenant ?
« O Zarathoustra, je sais tout : et que tu te sentais plus abandonné dans la multitude, toi l’unique, que jamais tu ne l’as été avec moi !
« Autre chose est l’abandon, autre chose la solitude : C’est cela — que tu as appris maintenant ! Et que parmi les hommes tu seras toujours sauvage et étranger :
» — sauvage et étranger, même quand ils t’aiment, car avant tout ils veulent être ménagés !
« Mais ici tu es chez toi et dans ta demeure ; ici tu peux tout dire et t’épancher tout entier, ici nul n’a honte des sentiments cachés et tenaces.
« Ici toutes choses s’approchent à ta parole, elles te cajolent et te prodiguent leurs caresses : car elles veulent monter sur ton dos. Monté sur tous les symboles tu chevauches ici vers toutes les vérités.
« Avec droiture et franchise, tu peux parler ici à toutes choses : et, en vérité, elles croient recevoir des louanges, lorsqu’on parle à toutes choses — avec droiture.
« Autre chose, cependant, est l’abandon. Car te souviens-tu, ô Zarathoustra ? Lorsque ton oiseau se mit à crier au-dessus de toi, lorsque tu étais dans la forêt, sans savoir où aller, incertain, tout près d’un cadavre : — lorsque tu disais : que mes animaux me conduisent ! J’ai trouvé plus de danger parmi les hommes que parmi les animaux : — c’était là de l’abandon !
« Et te souviens-tu, ô Zarathoustra ? Lorsque tu étais assis sur ton île, fontaine de vin parmi les seaux vides, donnant à ceux qui ont soif et le répandant sans compter : — jusqu’à ce que tu fus enfin seul altéré parmi les hommes ivres et que tu te plaignis nuitamment : « N’y a-t-il pas plus de bonheur à prendre qu’à donner ? Et n’y a-t-il pas plus de bonheur encore à voler qu’à prendre ? » — C’était là de l’abandon !
« Et te souviens-tu, ô Zarathoustra ? Lorsque vint ton heure la plus silencieuse qui te chassa de toi-même, lorsqu’elle te dit avec de méchants chuchotements : « Parle et détruis ! » — lorsqu’elle te dégoûta de ton attente et de ton silence et qu’elle découragea ton humble courage : c’était là de l’abandon ! « -
O solitude ! Toi ma patrie, solitude ! Comme ta voix me parle, bienheureuse tendre !
Nous ne nous questionnons point, nous ne nous plaignons point l’un à l’autre, ouvertement nous passons ensemble les portes ouvertes.
Car tout est ouvert chez toi et il fait clair ; et les heures, elles aussi, s’écoulent ici plus légères. Car dans l’obscurité, te temps vous paraît plus lourd à porter qu’à la lumière.
Ici se révèle à moi l’essence et l’expression de tout ce qui est : tout ce qui est veut s’exprimer ici, et tout ce qui devient veut apprendre de moi à parler.
Là-bas cependant — tout discours est vain ! La meilleure sagesse c’est d’oublier et de passer : — c’est là ce que j’ai appris !
Celui qui voudrait tout comprendre chez les hommes devrait tout prendre. Mais pour cela j’ai les mains trop propres.
Je suis dégoûté rien qu’à respirer leur haleine ; hélas ! pourquoi ai-je vécu si longtemps parmi leur bruit et leur mauvaise haleine !
O bienheureuse solitude qui m’enveloppe ! O pures odeurs autour de moi ! O comme ce silence fait aspirer l’air pur à pleins poumons ! O comme il écoute, ce silence bienheureux !
Edith Messmer
Là-bas cependant — tout parle et rien n’est entendu. Si l’on annonce sa sagesse à sons de cloches : les épiciers sur la place publique en couvriront le son par le bruit des gros sous !
Chez eux tout parle, personne ne sait plus comprendre. Tout tombe à l’eau, rien ne tombe plus dans de profondes fontaines.
Chez eux tout parle, rien ne réussit et ne s’achève plus. Tout caquette, mais qui veut encore rester au nid à couver ses œufs ?
Chez eux tout parle, tout est dilué. Et ce qui hier était encore trop dur, pour le temps lui-même et pour les dents du temps, pend aujourd’hui, déchiqueté et rongé, à la bouche des hommes d’aujourd’hui.
Chez eux tout parle, tout est divulgué. Et ce qui jadis était appelé mystère et secret des âmes profondes appartient aujourd’hui aux trompettes des rues et à d’autres tapageurs.
O nature humaine ! chose singulière ! bruit dans les rues obscures ! Te voilà derrière moi : — mon plus grand danger est resté derrière moi !
Les ménagements et la pitié furent toujours mon plus grand danger, et tous les êtres humains veulent être ménagés et pris en pitié.
Gardant mes vérités au fond du cœur, les mains agitées comme celles d’un fou et le cœur affolé en petits mensonges de la pitié : — ainsi j’ai toujours vécu parmi les hommes.
J’étais assis parmi eux, déguisé, prêt à me méconnaître pour les supporter, aimant à me dire pour me persuader : « Fou que tu es, tu ne connais pas les hommes ! »
On désapprend ce que l’on sait des hommes quand on vit parmi les hommes. Il y a trop de premiers plans chez les hommes, — que peuvent faire là les vues lointaines et perçantes !
Et s’ils me méconnaissaient : dans ma folie, je les ménageais plus que moi-même à cause de cela : habitué que j’étais à la dureté envers
moi-même, et me vengeant souvent sur moi-même de ce ménagement.
Piqué de mouches venimeuses, et rongé comme la pierre, par les nombreuses gouttes de la méchanceté, ainsi j’étais parmi eux et je me disais encore : « Tout ce qui est petit est innocent de sa petitesse ! »
C’est surtout ceux qui s’appelaient « les bons » que j’ai trouvés être les mouches les plus venimeuses : ils piquent en toute innocence ; ils mentent en toute innocence ; comment sauraient-ils être — justes envers moi !
La pitié enseigne à mentir à ceux qui vivent parmi les bons. La pitié rend l’air lourd à toutes les âmes libres. Car la bêtise des bons est insondable.
Me cacher moi-même et ma richesse — voilà ce que j’ai appris à faire là-bas : car j’ai trouvé chacun riche pauvre d’esprit. Ce fut là le mensonge de ma pitié de savoir chez chacun, de voir et de sentir chez chacun ce qui était pour lui assez d’esprit, ce qui était trop d’esprit pour lui !
Leurs sages rigides, je les ai appelés sages, non rigides, — c’est ainsi que j’ai appris à avaler les mots. Leurs fossoyeurs : je les ai appelés chercheurs et savants, — c’est ainsi que j’ai appris à changer les mots.
Les fossoyeurs prennent les maladies à force de creuser des fosses. Sous de vieux décombres dorment des exhalaisons malsaines. Il ne faut pas remuer le marais. Il faut vivre sur les montagnes.
C’est avec des narines heureuses que je respire de nouveau la liberté des montagnes ! mon nez est enfin délivré de l’odeur de tous les être humains !
Chatouillée par l’air vif, comme par des vins mousseux, mon âme éternue, — et s’acclame en criant : « A ta santé ! »
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13-08-2007
Le coeur de Vincent
Nu de Sien, une ancienne prostituée devenue la compagne de Vincent au grand dam de sa famille : » Cet hiver, j’ai rencontré une femme enceinte, abandonnée par l’homme dont elle portait l’enfant dans son corps. [...] J’ai pris cette femme comme modèle et j’ai travaillé avec elle tout l’hiver. J’ai pu la sauver, grâce à Dieu, elle et son enfant, de faim et de froid, en partageant mon propre pain avec elle, écrit-il à son frère Théo. La vie a meurtri Sien, la souffrance et l’adversité l’ont marquée. [...] Quand la terre n’a pas été labourée, on ne peut rien en obtenir. Elle, elle a été labourée ; dès lors, je trouve en elle davantage que dans tout un lot de femmes qui n’ont pas été labourées « , écrit-il encore à l’artiste hollandais Anton Van Rappard. Le vocabulaire graphique de Vincent s’enrichit. Le modèle, objectivement une » femme laide, fanée « , pose davantage pour son attitude que pour ses traits. Son compagnon, qui la juge pourtant belle à sa façon, trouve en elle » exactement ce qu’il lui faut « , dit-il. Les dessins réalisés à La Haye possèdent ainsi des rendus francs et descriptifs, travail technique grâce auquel Van Gogh parvient à faire ressentir affliction et désespoir.
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13-08-2007
74) Solitude – Colibri
On se dit, elle est cool celle-là
Toujours riante, un charmant minois
Un humour qui fait des dégâts
Mais chez moi il fait froid…
Je sors, je fais la nouba
Une soirée ici, une autre au cinéma
Quitte à me prendre pour une diva
Mais chez moi il fait froid…
Je ne veux pas qu’on me traite de rabat-joie
Mais c’est vraiment difficile le célibat
C’est pour ça que je le dis à mi-voix
Mais chez moi il fait froid …
Je me demande pourquoi
Le bonheur ne pense pas à moi
Pourquoi à mon cœur il a mis un cadenas
Mais chez moi il fait froid …
Rien qu’un peu plus d’éclat
Un même corps tous les soirs dans mes draps
Me sentir vivante pendant nos ébats
Mais chez moi il fait froid …
Il y a bien une présence quelquefois
Des êtres chers qui me donnent de la joie
Des gens aimés qui me serrent dans leurs bras
Mais chez moi il fait froid …
La solitude est un repli sur soi
Peut-être causera-t-elle mon trépas
Seul l’amour me réchauffera
Mais chez moi ….. mon cœur a toujours froid …
Un petit poème sans prétention ? Mais, à l’inverse de ces textes obscures, que je vois souvent, dans lequel l’écrivain cherche plus à épater qu’à faire passer un sentiment. Qui sait ce que donnera » cette » poète dans quelques années…
http://desirs-de-colibri.over-blog.com
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13-08-2007
Protégé : 13 août
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13-08-2007
Khalil Gibran : Le Prophéte.
Certains m’ont tenu pour orgueilleux, grisé de ma propre solitude.
Et vous avez dit : » Il s’entretient avec les arbres de la forêt, mais pas avec les hommes.
Il siège seul sur les cimes des collines et méprise notre ville. «
Il est exact que j’ai grimpé les collines et arpenté des endroits écartés.
Comment vous découvrir sinon d’une grande hauteur et d’une vaste distance ?
Du reste, comment être vraiment proche, à moins d’être loin.
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11-08-2007
73) Solitude – Philippe Vallet
Piégé entre les deux aiguilles d’une même horloge,
le temps veut passer !
Je sombre engloutissant ma langue,
grise, mon existence s’efface petit à petit.
Les rayons du soleil n’éclatent plus sur mes amis.
Je tourne autour de mes pieds,
brouillant les heurts en soupe immangeable.
Un poids, gravats d’on ne sait quelle carrière,
ose battre le rappel d’un passé glacé.
J’ai perdu les mots pour pleurer les nuages.
Dans l’arène de mes draps,
je tourne, fuyant lentement
le drapeau agité, par la voisine, sur le palier.
J’ai fermé les volets de mes fenêtres,
je ne regarde plus les moineaux
partager leur nid,
prendre leur bain dans la flaque.
Doucement sans comprendre,
une marée fade m’inonde,
je disparais dans la chape accueillante d’un trottoir printanier.
Seul, les pieds enchaînés aux gouffres des étoiles,
je me livre au désert d’une kermesse muette.
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10-08-2007
20) Fréhel: Où sont tous mes amants ? – 1935
Dans la tristesse et la nuit qui revient
Je reste seule, isolée sans soutien
Sans nulle entrave, mais sans amour
Comme une épave mon cœur est lourd
Moi qui jadis ai connu le bonheur
Les soirs de fête et les adorateurs
Je suis esclave des souvenirs
Et cela me fait souffrir.
Où sont tous mes amants
Tous ceux qui m’aimaient tant
Jadis quand j’étais belle?
Adieu les infidèles
Ils sont je ne sais où
A d’autres rendez-vous
Moi mon cœur n’a pas vieilli pourtant
Où sont tous mes amants
La nuit s’achève et quand vient le matin
La rosée pleure avec tous mes chagrins
Tous ceux que j’aime qui m’ont aimée
Dans le jour blême sont effacés
Je sens passer du brouillard sur mes yeux
Et ces pantins que je vois, ce sont eux
Luttant quand même, suprême effort,
Je crois les étreindre encore.
Où sont tous mes amants
Tous ceux qui m’aimaient tant
Jadis quand j’étais belle?
Adieu les infidèles
Ils sont je ne sais où
A d’autres rendez-vous
Moi mon cœur n’a pas vieilli pourtant
Où sont tous mes amants
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10-08-2007
72) Milarepa (1040 – 1123)
Ma joie ignorée de mes parents,
ma douleur ignorée de mes ennemis -
si je meurs ainsi, dans la solitude,
heureux serai-je, moi le mystique.
Ma mort ignorée de tout être humain,
mon corps pourri ignoré des oiseaux -
si je meurs ainsi, dans la solitude,
heureux serai-je, moi le mystique.
Ma chair putréfiée sucée par les mouches,
mes muscles dissous mangés par les vers -
si je meurs ainsi, dans la solitude,
heureux serai-je, moi le mystique.
Sans aucun pas d’homme sur mon seuil,
sans trace de sang dans ma caverne -
si je meurs ainsi, dans la solitude,
heureux serai-je, moi le mystique.
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09-08-2007
Le sens de la vie : Elisabeth Berthou
Tant bien que mal, chacun d’entre nous s’efforce de donner du sens à ses actes et à ses pensées tout au long de son existence. Un psychologue hongrois donne des pistes pour y parvenir. « Une fois assuré le minimum, le confort matériel a très peu d’incidence sur le bonheur ou la satisfaction personnelle », assure d’entrée Mihaly Csikszentmihalyi dans une interview donnée à L’Actualité de Montréal. « S’il est en sécurité et mange à sa faim, un habitant du tiers-monde a grosso modo le même niveau de contentement qu’un Japonais ou un Canadien. Et les gagnants du loto, après un sursaut de satisfaction qui dure un an ou deux, ne sont pas plus heureux qu’ils ne l’étaient avant. » Ainsi parle Mihaly Csikszentmihalyi qui a inventé le concept du « flot » (« flow », en anglais), cet état mental dans lequel nous nous trouvons lorsque nous sommes absorbés par une tâche de telle façon que nous ne sentons plus le temps passer et que nous sommes envahis par une intense satisfaction.
Depuis une trentaine d’années, ce psychologue, ainsi que son confrère Martin Seligman, ont interrogé des milliers de personnes d’une centaine de pays sur leur niveau de satisfaction personnelle. Conclusion : « Ce n’est pas devant la télé, en mangeant du gâteau ou en se prélassant à bord d’un paquebot de luxe qu’on est le plus heureux. C’est quand on est occupé à une tâche qui sollicite au maximum nos forces et nos talents. » C’est donc lorsque l’on se trouve dans cet état de « flot » où nous oublions nos problèmes, le temps qui passe et qui nous entoure. Mais comment provoquer le « flot » ? « En s’assignant une tâche juste assez difficile pour qu’elle requière toutes nos capacités et toute notre attention », répond Mihaly Csikszentmihalyi. De plus, le profond sentiment de satisfaction qui en résulte crée vite une dépendance : on se sent si bien qu’on essaie de retrouver cet état le plus souvent possible. « D’une fois à l’autre, on finit par apprendre, par développer son domaine de compétence. On progresse ainsi d’un but à l’autre, dans une complexité grandissante, comme le tennisman ou le joueur d’échecs qui, à mesure qu’ils perfectionnent leur jeu, ont besoin de défis de plus en plus grands. »
Pour autant, un haut niveau de satisfaction ne peut être le seul ingrédient d’une vie réussie. Mihaly Csikszentmihalyi rappelle que, dans ses recherches sur ce qui rend les gens heureux, Martin Seligman en est venu à distinguer ce qu’il appelle « la vie agréable » (qui procure autant d’émotions plaisantes que possible) et « la bonne vie », celle dont la personne retire beaucoup de satisfaction en utilisant au mieux ses forces et ses talents. Mais il parle également de « la vie qui a un sens ». « Celle-là consiste à mettre ses compétences au service d’une cause plus grande que ses seuls intérêts personnels », affirme le psychologue. Les études de Seligman et les siennes en arrivent à la même conclusion : « La meilleure façon d’être durablement heureux reste de développer ses forces et ses talents au maximum, tout en se sentant lié à son milieu et responsable du monde dans lequel on vit. »
Cette dernière affirmation fait allusion à tout un champ de recherche actuel dans le domaine des sciences qui intéresse particulièrement Mihaly Csikszentmihalyi. « Des biologistes évolutionnistes étudient la génétique de la coopération, les avantages évolutifs que récolte une espèce dont les membres apprennent à collaborer entre eux. Ces scientifiques revoient Darwin. Pour simplifier, disons que dans un groupe où les gens ne se préoccupent que de la survie de leurs propres gènes, c’est le plus compétitif qui l’emportera. Dans un groupe qui pratique la coopération, c’est encore le plus compétitif qui sera dominant, mais l’ensemble de la communauté prospérera également. » D’après le chercheur, cette idée, en fait assez simple, a été perdue de vue en raison de notre façon très individualiste de comprendre l’évolution et la survie. Mais, dit-il, « je crois profondément que les gens qui échappent à la solitude de leur destin individuel sont ceux qui développent au maximum leur originalité et leur identité intrinsèque, mais qui, en même temps, se sentent profondément liés au destin de l’univers et de l’humanité ».
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08-08-2007
70) Solitude
Seul face au monde, seul devant soi,
D’autant plus seul que je n’y sois pas…
Que reste-il alors ?
Ne reste que la pure présence silencieuse du réel,
Cet arbre qui ondule au vent,
Cette eau qui s’écoule,
Ce Soleil qui échauffe mon visage,
Ne reste que l’éternité, présent perpétuel de l’impermanence,
La vérité, l’éternité, la présence, le silence, le réel… cette table,
Y trouver quelque bonheur ? pourquoi pas…
Allez jusqu’au bout de soi, effacement de soi devant le vrai,
Oh quel silence ! quelle paix ! quelle plénitude ! quelle béatitude !
Aurais-je besoin d’un autre monde ? d’une autre vie ?
D’ailleurs, que reste-il de moi sinon un souvenir ?
Mai 2000
Brève explication : La solitude serait un des maux de notre siècle, une forme d’égocentrisme ou de contemplation morbide de soi. Et pourtant, dans sa radicalité et sa richesse, elle est la vérité-même de notre existence. Nous sommes seul à vivre notre vie, personne d’autre ne la vivra à notre place, pas même les dieux. La solitude dont je parle dans ce poème est surtout celle de l’homme seul face à lui-même et à la nature, de l’homme sans dieu(x)…
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07-08-2007
69) Le prince de solitude – Aegimios
Mon aimée, souviens toi de ce temps qui se conjugue au passé.
Vois-le ronger nos cœurs et étouffer de lierre rêche le présent.
Je marche le long de la Seine, dans l’air frais du printemps.
Ma main te cherche mais ne peut que saisir le vide trépassé.
As-tu encore en mémoire ces pépites de bonheur éperdu ?
Nous les ciselions ensemble, enlacés dans l’Eden de Cupidon.
A présent, je m’assois seul sur ce banc où naquit notre passion.
Des couples défilent devant moi ; requiem pour un amour perdu.
La fumée de ma cigarette s’envole en tourbillon dans le vent.
Depuis trop d’années maintenant, tu as volé mes sourires.
Le sang de mon cœur s’écoule en rigole dans ton souvenir.
Enlacé dans mon grand manteau de solitude, j’attends.
Parmi les promeneurs du dimanche, je suis peinture morte.
A mes pieds gisent ces larmes invisibles d’être trop retenues.
Je suis le prince d’un royaume en friche, de tous inconnu.
Il hurle pour le retour d’une reine mais trouvera-t-elle la porte ?
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07-08-2007
Protégé : La solitude est-elle une prison ?
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06-08-2007
Protégé : 6 août
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06-08-2007
Lilou la Teigne : Solitude
Quand tu me tiens
Si l’on m’avait dit il y un siècle que je finirais par l’aimer, j’aurais ri à la barbe de ON.
Il y a un siècle j’aimais la compagnie, la fête, les discussions pour refaire le monde.
Je vivais entouré de monde, dans ma vie professionnelle, familiale et amicale et j’aimais cela plus que tout au monde.
La vie passe, la jeunesse s’enfuit, la femme a fait place, est-ce cela qui explique mon besoin actuelle de solitude.
J’aime aller seule à la plage un bon bouquin sous le bras, regarder la vie qui bouge.
J’aime faire le « Flan » des après midi entières dans mon lit, entre deux eaux laisser mon esprit vagabonder, être en demi sommeil
J’aime m’isoler pour ressasser mes idées noirs, un peu comme un chirurgien traquant une tumeur et l’extirper doucement jusqu’à son anéantissement totale.
J’aime marcher seule dans la foule et pousser de longs hurlements confidentiels.
J’aime sourire au vent et au soleil, à la lune et aux étoiles aussi.
J’aime ces longs tête à tête avec moi même.
J’aime par dessus tout observer les gens vivre, s’agiter, courir comme si leur vie en dépendait.
J’aime dans ces moments là le sentiment d’être transparente.
Transparente comme l’eau claire d’un ruisseau qui suit son tracer millénaire pour ce noyer dans la grande bleue.
http://www.lilou-la-teigne.org/?2007/07/30/325-solitude
Un blog très sobre, très personnel, loin des paillettes parce que tout est dans les textes. Des petits textes frais, rafraichissants… avec des idées et un style. Un bon moment la visite de ce blog.
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06-08-2007
Société et solitude, de Ralph Waldo Emerson
Au cours de mes voyages, je me suis trouvé avec un humoriste qui avait chez lui un modelage de la Méduse de Rondanini, et qui m’assura que le nom sous lequel cette grande œuvre d’art figurait dans les catalogues était inexact ; il était convaincu que le sculpteur qui l’avait taillée la destinait à représenter la Mémoire, mère des Muses. Dans la conversation qui suivit, mon nouvel ami me fit quelques confidences extraordinaires. « Ne voyez-vous pas, » dit-il, la punition du savoir ? Ne voyez-vous pas que, pareil au bourreau du poème de Hood, chacun de ces scholars que vous avez rencontrés à S…, dût-il être le dernier homme, guillotinerait le dernier, sauf un ? » Il ajouta nombre d’observations piquantes, mais son sérieux évident retint mon attention et, durant les semaines qui suivirent, nous fîmes plus ample connaissance. Il avait des capacités réelles, un naturel aimable et sans vices, mais il avait un défaut – il ne pouvait se mettre au diapason des autres. Son vouloir avait une sorte de paralysie, si bien que quand il se trouvait avec les gens sur un pied ordinaire, il causait pauvrement et à côté du sujet, comme une jeune fille évaporée. La conscience de son infériorité la rendait pire. Il enviait aux conducteurs de bestiaux et aux bùcherons de la taverne leur parler viril. Il soupirait après le don terrible de la familiarité de Mirabeau, convaincu que celui dont la sympathie sait descendre au plus bas est l’homme de qui les rois ont le plus à craindre. Quant à lui, il déclarait ne pouvoir réussir à être assez seul pour écrire une lettre à un ami. Il quitta la ville, alla s’enterrer aux champs. La rivière solitaire n’avait pas assez de solitude ; le soleil et la lune le gênaient. Quand il acheta une maison, la première chose qu’il fit fut de planter des arbres. Il ne pouvait se cacher suffisamment. Mettez ici une haie, plantez là des chênes – des arbres derrière les arbres, et par-dessus tout, des feuillages toujours verts, car ils maintiennent le mystère autour de vous toute l’année. Le plus agréable compliment que vous pussiez lui faire, c’était de donner à entendre que vous ne l’aviez pas remarqué dans la maison ou la rue où vous l’aviez rencontré. Tandis qu’il souffrait d’être vu où il était, il se consolait par la pensée délicieuse du nombre inimaginable d’endroits où il n’était pas. Tout ce qu’il demandait à son tailleur, c’était cette sobriété de couleur et de coupe qui ne saurait jamais retenir l’œil un instant. Il alla à Vienne, à Smyrne, à Londres. Dans toute la variété des costumes, le carnaval, le kaléidoscope des vêtements, il s’aperçut avec horreur qu’il ne pouvait jamais découvrir dans la rue un homme qui portât quoi que ce fût de pareil à son habillement. Il aurait donné son âme pour l’anneau de Gygès. Le tourment d’être visible, avait émoussé en lui les affres de la mort. « Croyez-vous, » disait-il, « que j’aie une telle terreur d’être tué, moi qui n’attends que le moment de laisser glisser mon vêtement corporel, de me dérober dans les étoiles lointaines, et de mettre des diamètres de systèmes solaires et d’orbites sidérales entre tous les esprits et moi – pour épuiser des siècles dans la solitude et oublier, si possible, jusqu’au souvenir même ? » Ses gaucheries sociales lui donnaient un remords allant jusqu’au désespoir, et il parcourait des kilomètres et des kilomètres pour se défaire de ses contorsions de visage, de ses tressaillements de bras et haussements d’épaules. Dieu peut pardonner les péchés, disait-il, mais pour la maladresse, il n’est point de pardon au ciel ni sur terre. Il admirait Newton, non pas tant pour ses théories sur la lune, que pour sa lettre à Collins, où il défend d’insérer son nom avec la solution du problème dans les Philosophical Transactions : « Cela me ferait peut-être connaître davantage, chose que je m’applique particulièrement à éviter. »
Ces conversations m’amenèrent un peu plus tard à connaître des cas similaires, et à découvrir qu’ils ne sont pas très rares. On trouve peu de pures substances dans la nature. Les tempéraments qui peuvent supporter dans le plein jour les rudes procédés du monde doivent être d’une pauvre constitution moyenne – comme le fer et le sel, l’air atmosphérique et l’eau. Mais il est des métaux, comme le potassium et le sodium, qui, pour se garder purs, doivent être conservés sous le naphte. Tels sont les talents orientés vers une spécialité, qu’une civilisation à son apogée nourrit au cœur des grandes villes et dans les chambres royales. La nature protège son œuvre. Un Archimède, un Newton, sont indispensables à la culture du monde ; aussi les préserve-t-elle par une certaine sécheresse. S’ils avaient été de bons vivants, aimant la danse, le Porto et les clubs, nous n’aurions ni la « Théorie de la Sphère », ni les « Principes ». Ils avaient ce besoin d’isolement qu’éprouve le génie. Chacun doit se tenir sur son trépied de verre, s’il veut garder son électricité. Swendeborg lui-même, dont la théorie de l’univers est fondée sur le sentiment, et qui revient à satiété sur les dangers et l’erreur de l’intellectualisme pur, est contraint de faire une exception extraordinaire : « Il est des anges qui ne vivent pas associés, mais séparés, chacun dans sa maison ; ceux-là habitent au milieu du ciel, parce qu’ils sont les meilleurs. »
Nous avons connu maintes gens d’esprit distingué qui avaient cette imperfection de ne pouvoir rien faire d’utile, pas même écrire une phrase correcte. Que tout homme ayant des tendances délicates, soit disqualifié pour la société, c’est chose pire et tragique. A distance, on l’admire ; mais amenez-le face à face, c’est un infirme. Les uns se protègent par l’isolement, d’autres par la courtoisie, d’autres encore par des manières acidulées ou mondaines – chacun cachant comme il peut la sensibilité de son épiderme et son inaptitude à la stricte intimité. Mais, en dehors des habitudes de self-reliance qui doivent tendre en pratique à rendre l’individu indépendant de la race humaine, ou bien d’une religion d’amour, il n’est aucun remède qui puisse atteindre la racine du mal. Un tel individu semble à peine avoir le droit de se marier : comment pourrait-il protéger une femme, celui qui ne peut se protéger lui-même ?
Nous prions le Ciel de devenir des êtres de tradition. Mais s’il est quoi que ce soit de bon en vous, le Ciel avisé veille à ce que vous ne le deveniez pas. Dante était d’une société très désagréable, et on ne l’invitait jamais à dîner. Michel-Ange a connu à cet égard d’amers et tristes moments. Les ministres de la Beauté sont rarement beaux dans les salons et les carrosses. Christophe Colomb n’a point découvert d’île ni d’écueil aussi solitaires que lui-même. Cependant, chacun de ces maîtres a bien vu la raison de son isolement. Il était seul ? Certes, oui ; mais sa société n’avait d’autres limites que la quantité de cerveau que la nature avait désignée à cette époque pour diriger le monde. « Si je reste, » disait Dante quand il fut question d’aller à Rome, « qui ira ? et si je pars, qui restera ? »
Mais la nécessité de la solitude est plus profonde que nous ne l’avons dit ; elle est organique. J’ai vu plus d’un philosophe dont le monde n’est assez large que pour une personne. Il affecte d’être un compagnon agréable ; mais nous surprenons constamment son secret, à savoir qu’il entend et qu’il lui faut imposer son système à tout le reste. L’impulsion de chacun est de s’écarter de tous les autres, comme celle des arbres de tendre au libre espace. Quand chacun n’en fait qu’à sa tête, il n’est pas étonnant que les cercles sociaux soient si restreints. Comme celui du président Tyler, notre parti se détache de nous tous les jours et, finalement, il nous faut aller en sullcy. Pauvre cœur ! Emporte mélancoliquement cette vérité – il n’est point de coopération. Nous commençons par l’amitié, et toute notre jeunesse se passe à rechercher et recruter la sainte fraternité qu’elle formera pour le salut de l’homme. Mais les étoiles les plus lointaines semblent des nébuleuses ne formant qu’une lumière ; cependant, il n’est point de groupe que le télescope ne parvienne à dissoudre ; de même, les amis les plus chers sont séparés par d’infranchissables abîmes. La coopération est involontaire, et nous est imposée par le Génie de la Vie, qui se la réserve comme une part de ses prérogatives. Il nous est facile de parler ; nous nous asseyons, méditons, et nous nous sentons sereins et complets ; mais dès que nous rencontrons quelqu’un, chacun devient une fraction.
Bien que le fond de la tragédie et des romans soit l’union morale de deux personnes supérieures, dont la confiance mutuelle pendant de longues années, dans l’absence et la présence, et en dépit de toutes les apparences, se justifie à la fin en prouvant victorieusement sa fidélité devant les dieux et les hommes, source de joyeuses émotions, de larmes et de triomphe – bien que cette union morale existe pour les héros, cependant, eux aussi, sont aussi loin que jamais de l’union intellectuelle, et l’union morale n’a pour but que des choses comparativement basses et extérieures, comme la coopération d’une compagnie maritime ou d’une société de pompiers. Mais comme tous les gens que nous connaissons sont insulaires et pathétiquement seuls ! Et quand ils se rencontrent dans la rue, ils n’osent dire ce qu’ils pensent l’un de l’autre. C’est à bon droit, en vérité, que nous reprochons aux hommes du monde leurs politesses superficielles et trompeuses !
Telle est la tragique nécessité que l’expérience rigoureuse découvre sous notre vie domestique et nos rapports de voisinage, nécessité qui, comme avec des fouets, pousse irrésistiblement chaque âme adulte au désert, et fait de nos tendres contrats quelque chose de sentimental et de momentané. Nous devons conclure que les fins de la pensée étaient péremptoires, puisqu’elles ont dû être assurées à un prix si ruineux. Elles sont plus profondes qu’on ne peut le dire, et relèvent de l’immense et de l’éternel. Elles descendent à cette profondeur d’où la société même surgit et où elle disparaît – où la question est : Qui a la priorité, l’homme ou les hommes ? – où l’individu est absorbé en sa source.
Mais il n’est point de métaphysique qui puisse légitimer ou rendre tolérable cet exil parmi les rochers et les échos. C’est là un résultat si contraire à la nature, c’est une vue si incomplète, qu’il faut la corriger par le sens commun et l’expérience. « L’homme naît auprès de son père et y demeure. » L’homme a besoin du vêtement de la société, sinon on a l’impression de quelque chose de nu, de pauvre, d’un membre qui serait comme déplacé et dépouillé. Il doit être enveloppé d’arts et d’institutions, tout comme de vêtements corporels. De temps à autre, un homme de nature rare peut vivre seul, et doit le faire ; mais enfermez la majorité des hommes, et vous les désagrégerez. « Le roi vivait et mangeait dans sa grand’salle avec les hommes, et comprenait les hommes, » dit Selden. Quand un jeune avocat dit à feu M. Mason : « Je reste dans mon cabinet pour étudier le droit. » – « Étudier le droit ! » répliqua le vétéran, « c’est au Tribunal qu’il vous faut étudier le droit ! » Et la règle est la même en littérature. Si vous voulez apprendre à écrire, c’est dans la rue qu’il faut le faire. En vue de l’expression, comme en vue de la fin des beaux-arts, vous devez fréquenter la place publique. La société, et non le collège, voilà le foyer de l’écrivain. Le scholar est un flambeau qu’allument l’amour et le désir de tous les hommes. Sa part et son revenu, ce ne sont jamais ses terres ou ses rentes, mais le pouvoir de charmer l’âme cachée qui se tient voilée derrière ce visage rosé, derrière ce visage viril. Ses productions sont aussi nécessaires que celle du boulanger ou du tisserand. Le monde ne peut se passer d’hommes cultivés. Dès que les premiers besoins sont satisfaits, les besoins supérieurs se font sentir impérieusement.
Il est difficile de nous magnétiser, de nous exciter nous-mêmes ; mais grâce à la sympathie, nous sommes capables d’énergie et d’endurance. Le sentiment de l’entente enflamme les gens d’une certaine ardeur d’exécution à laquelle ils atteindraient rarement s’ils étaient seuls. C’est là l’utilité réelle de la société : il est si facile avec les grands d’être grand, si facile de s’élever à la hauteur du modèle existant – aussi facile que pour l’amoureux de nager vers sa fiancée à travers les vagues auparavant si effrayantes. Les bienfaits de l’affection sont immenses ; et l’événement qui ne perd jamais son charme, c’est la rencontre d’êtres supérieurs en des conditions qui permettent les plus heureux rapports.
De ce que les soirées nous semblent fastidieuses, et que la soirée nous juge fastidieux, il ne s’ensuit nullement que nous ne soyons pas faits pour le monde. Un « backwoodsman », qui avait été envoyé à l’Université, me disait que quand il avait entendu les jeunes gens les mieux élevés causer ensemble à l’École de Droit, il s’était regardé comme un rustre ; mais que toutes les fois qu’il les avait pris à part et en avait eu un seul avec lui, c’était eux les rustres, et lui l’homme qui valait le mieux. Et rappelons-nous – les heures rares où nous avons rencontré les meilleurs êtres : nous nous sommes alors trouvés nous-mêmes, et pour la première fois la société a semblé exister. C’était la société, bien que dans l’écoutille d’un brick, ou les îlots de la Floride.
Un homme de tempérament froid, nonchalant, pense qu’il n’a pas assez de faits à apporter à la conversation, et doit laisser passer son tour. Mais ceux qui causent n’en ont pas davantage – en ont moins. Ce qui sert, ce ne sont pas les expériences, mais la chaleur pour fondre les expériences de chacun. La chaleur vous fait pénétrer comme il convient en des quantités d’expériences. Le défaut capital des natures froides et arides, c’est le manque d’énergie vitale. Elle semble une puissance incroyable ; c’est comme si Dieu ressuscitait les morts. Le solitaire regarde avec une sorte d’effroi ce que les autres accomplissent grâce à elle. C’est pour lui chose aussi impossible que les prouesses du Cœur-de-Lion, ou la journée de travail d’un Irlandais sur la voie ferrée. On dit que le présent et l’avenir sont toujours des rivaux. L’énergie vitale constitue le pouvoir du présent, et ses hauts faits sont comme la structure d’une pyramide. Leur résultat, c’est un lord, un général, un joyeux compagnon. En face d’eux, comme la Mémoire avec son sac de cuir paraît un mendiant vulgaire ! Mais cette ardeur géniale se trouve en toutes les natures à l’état latent, et ne se dégage qu’au contact de la société. Bacon disait au sujet des manières : « Pour les acquérir, il suffit de ne pas les mépriser ; » de même, nous disons de cette force vitale qu’elle est le produit spontané de la santé et de l’habitude du monde. « Pour ce qui est de la tenue, les hommes se l’apprennent mutuellement, comme ils prennent la maladie les uns des autres. »
Mais les gens doivent être pris à très petites doses. Si la solitude est orgueilleuse, la société est vulgaire. Dans le monde, les capacités supérieures de l’individu sont considérées comme choses qui disqualifient. La sympathie nous abaisse aussi facilement qu’elle nous élève. Je connais tant d’hommes que la sympathie a dégradés, des hommes ayant des vues natives assez hautes, mais liés par des rapports trop affectueux aux personnes grossières qui les entouraient ! Les hommes n’arrivent pas à s’unir par leurs mérites, mais s’ajustent les uns aux autres par leurs infériorités – par leur amour du bavardage, ou par simple tolérance ou bonté animale. Ils troublent et font fuir l’être qui a de hautes aspirations.
Le remède consiste à fortifier chacune de ces dispositions par l’autre. La conversation ne nous corrompra pas si nous venons dans le monde avec notre propre manière d’être et de parler, et l’énergie de la santé pour choisir ce qui est nôtre et rejeter ce qui ne l’est pas. La société nous est nécessaire ; mais que ce soit la société, et non le fait d’échanger des nouvelles, ou de manger au même plat. Être en société, est-ce s’asseoir sur une de vos chaises ? Je ne vais point chez mes parents les plus intimes, parce que je ne désire pas être seul. La société existe par affinités chimiques, et point autrement.
Réunissez des gens en leur laissant la liberté de causer, et ils se partageront rapidement d’eux-mêmes en bandes et en groupes de deux. On accuse les meilleurs d’être exclusifs. II serait plus vrai de dire qu’ils se séparent comme l’huile de l’eau, comme les enfants des vieillards, sans qu’il n’y ait là ni amour ni haine, chacun cherchant son semblable ; et toute intervention dans les affinités produirait la contrainte et la suffocation. Chaque conversation est une expérience magnétique. Je sais que mon ami peut s’exprimer avec éloquence ; vous savez qu’il ne peut articuler une phrase : nous l’avons vu en des réunions différentes. Assortissez vos hôtes, ou n’invitez personne. Mettez en tête à tête Stubbs et Coleridge, Quintilien et Tante Miriam, et vous les rendrez tous malheureux. Ce sera immédiatement une geôle bâtie dans un salon. Laissez les chercher leurs pareils, et ils seront aussi gais que des moineaux.
Une civilisation plus haute restaurera dans nos mœurs un certain respect que nous avons perdu. Que faire avec ces jeunes hommes effervescents qui se frayent un passage à travers toutes les barrières, et se comportent dans toutes les maisons comme s’ils étaient chez eux ? Si mon compagnon n’a pas besoin de moi, je le découvre en un instant, et quand le bon accueil n’est plus, des cordes ne pourraient me retenir. On voudrait croire que les affinités s’affirment avec une réciprocité plus sûre.
Ici encore la Nature se plaît, comme elle le fait si souvent, à nous mettre entre des oppositions extrêmes, et notre salut est dans l’adresse avec laquelle nous suivons la diagonale. La solitude est impraticable, et la société fatale. Il nous faut tenir notre tête dans l’une, et nos mains dans l’autre. Nous y arriverons si, en gardant l’indépendance, nous ne perdons pas notre sympathie. Ces montures merveilleuses doivent être conduites par des mains délicates. Nous avons besoin d’une solitude telle qu’elle nous attache à ses révélations quand nous sommes dans la rue et les palais ; car beaucoup d’hommes sont intimidés dans la société, et vous disent des choses justes en particulier, mais ne s’y tiennent pas en public. Toutefois ne soyons pas victimes des mots. Société et solitude, ce sont là des termes décevants. Ce qui importe, ce n’est pas le fait de voir plus ou moins de gens, mais la promptitude de la sympathie ; une àme saine tirera ses principes de l’intuition, en une ascension toujours plus pure vers le bien suffisant et absolu, et acceptera la société comme le milieu naturel où ils doivent s’appliquer.
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06-08-2007
Cent ans de solitude, de Gabriel García Márquez
La solitude
Tout au long du roman, tous les personnages semblent prédestinés à souffrir de la solitude comme une caractéristique innée à la famille Buendia. Le village même vit isolé de la modernité, toujours en attente de l’arrivée des gitans qui amènent les nouvelles inventions; et l’oubli, fréquent dans les événements tragiques récurrents dans l’histoire de la culture que présente l’œuvre.
La solitude est particulièrement évidente pour le colonel Aureliano Buendia dont la maladresse pour exprimer l’amour fait qu’il s’en va à la guerre en laissant des enfants de mères différentes à divers endroits. À certaines occasions, il demande même que l’on trace un cercle de trois mètres autour de lui pour éviter qu’on l’approche. Aussi, après avoir signé la paix, il se tire une balle dans la poitrine pour ne pas avoir à affronter l’avenir, mais il est tellement malchanceux qu’il se rate et passe sa vieillesse dans le laboratoire d’alchimie à fabriquer des petits poissons en or qu’il défait et refait dans un pacte d’honneur avec la solitude. D’autres personnages comme le fondateur de Macondo, José Arcadio Buendia (qui meurt seul attaché à un arbre), Ursula (qui vit la solitude dans la cécité), José Arcadio (fils du fondateur) et Rebeca (qui s’en vont habiter seuls dans une autre maison), Amaranta (qui reste célibataire), Gerineldo Márquez (qui attend une pension qui n’arrive jamais), Pietro Crespi (qui se suicide face au refus de ses maîtresses), entre autres, souffrent des conséquences de la solitude et de l’abandon.
Une des raisons primordiales pour laquelle ils finissent seuls et frustrés est leur incapacité à aimer. Cet état est rompu avec l’union d’Aureliano Balilonia et Amaranta Ursula, qui ne reconnaissent pas leur lien de parenté, provoquant une fin tragique à l’histoire.
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04-08-2007
Protégé : Ricardo Monserrat : Parle-moi
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