16-06-2007

Solitude, de Pierre Pellegrin

OcciRivière imprévisible, force brutale d’isolement, sauvage puissance de la montagne, je vous appartiens. Je m’avance vers l’arbre qui déjà bascule l’ancienne demeure, vers la forêt qui reprend ses lisières, dans le chemin qui se perd. A partir de là tout dépend de moi, et cet attachement à tout ce qui a cessé d’être ploie aussi mon corps et mon coeur.

Solitude, tu façonnes la force de mes gestes apaisés et la prudence de mes paroles sans comédie. Le superflu s’estompe et s’amenuise vers un essentiel qui me laisse rugueux et presque aride.

Le monde extérieur n’arrive plus à me pénétrer et mes richesses s’éteignent sans ce nouvel humus. Le monde qui nous environne a déjà emporté tant de forces que je reste là, graine solitaire, avec tout mon désir de survie, ne sachant plus où puiser la fraîcheur d’un nouveau départ.

Une invisible mort glace les objets familiers, desséchant de la vie le joyaux, l’amitié, l’entr’aide, et fortifiant l’orgueil et la dureté.

Vous êtes partis et les maisons sont des ruines, les chemins se sont perdus, des vallées se sont creusées et l’école se ferme, le cordonnier s’en va, le forgeron est vieux, il n’y a plus de boulanger. Les cantonniers travaillent pour moi, des pylônes et des pylônes m’apportent la lumière.

Les vieux parlent d’autrefois et montrent les collines, toutes les collines et toutes les tâches dans la forêt ; mais plus personne ne descend maintenant de là-haut.

Il n’y a plus que l’attente du fils revenant de l’école lointaine, jusqu’au jour où lui-même tout fier de son savoir ne reviendra plus.

Le fléau est parmi nous, mais personne encore ne l’a vu.

 

 

Publié par Jean dans Vacuité | RSS 2.0

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